On vous invite à relire la 1ère partie, 2e partie et 3e partie.
Et les catalogueurs eux ?
Il faut toutefois donner raison à M.Gorman dans un sens. Pour les catalogueurs on ne peut minimiser les impacts : il s’agit là d’un changement dramatique d’avec les anciennes façons de cataloguer :
- Étonnamment une nouvelle «notice» selon les RDA peut être relativement semblable à l’ancienne à la condition de garder le même format d’encodage (MARC) et le même ISBD MAIS pour y arriver le chemin sera radicalement différent car :
- La terminologie FRBR est totalement différente.
- Certaines notions ne sont pas simples à définir et à distinguer : l’entité Expression par exemple ou le point exact où une première «œuvre» peut devenir une 2e «œuvre» et non pas une expression, etc.
- La structure du code ne présente aucune ressemblance avec celle des AACR2 : les chapitres ne sont plus basés sur les formats et ensuite divisés en grandes zones ISBD mais sont basés sur les éléments de description (attributs) pour chaque entité FRBR. Les indications sur les formats sont toutes énumérées à l’intérieur de chaque chapitre selon l’entité décrite (voir plus bas).
- RDA contient 10 sections, 27 chapitres et 13 annexes ; la table des matières à elle seule compte 113 pages et le texte complet, 1 754 pages !! C’est essentiellement un outil «online».
- Les «attributs» sont présentés en blocs et exemples distincts sans la structure ISBD qui enchâssait les éléments de description les uns aux autres.
- Comme l’indique très bien Mme Chris Oliver, «le modèle FRBR modifie l’objectif du processus du catalogage. L’objectif n’est plus fixé sur le catalogueur qui crée une seule notice, mais plutôt sur l‘utilisateur qui cherche la notice dans un contexte d’un vaste catalogue ou d’une vaste base de données»[i]. Voilà tout un programme pour nous les catalogueurs !!
Comparons simplement la structure des 2 codes pour «apprécier» le changement radical de l’approche :
STRUCTURE AACR2
Partie 1 – Description
- Généralités
- Livres, brochures et feuilles imprimées
- Documents cartographiques
- Manuscrits
- Imprimés musicaux
- Enregistrements sonores
- Films cinématographiques et enregistrements vidéo
- Documents iconiques
- Ressources électroniques
- Artéfacts et échantillons en 3 dimensions
- Microformes
- Ressources continues
- Analyse
Partie 2 – Vedettes, titres uniformes et renvois
- Choix des accès à la description des documents
- Vedettes de personne
- Vedettes géographiques
- Vedettes de collectivité
- Titres uniformes
- Renvois
STRUCTURE RDA
ATTRIBUTS
Section 1. Attributs des manifestations et des items
Section 2. Attributs des œuvres et des expressions
Section 3. Attributs des personnes, familles et collectivités
Section 4. Attributs des concepts, objets, événements et lieux
RELATIONS
Section 5. Relations primaires entre œuvre, expression, manifestation et item
Section 6. Relations aux personnes, familles et collectivités associées à une ressource.
Section 7. Relations aux concepts, objets, événements et lieux
Section 8. Relations entre œuvres, expressions, manifestations et items.
Section 9. Relations entre personnes, familles et collectivités
Section 10. Relations entre concepts, objets, événements et lieux
Ce qui saute aux yeux (et qui est «troublant» pour tout catalogueur) est le fait que la structure de la nouvelle norme n’est plus divisée en genres de documents bien distincts mais plutôt en attributs et relations !! Le but poursuivi est «to simplify the cataloguing process. Rather than provide a number of specialized chapters that deal with particular categories of materials RDA will attempt to present a single set of instructions capable of describing any type of information resource. It will no longer matter if the resource is a book, a podcast or some as yet to be invented information resource. RDA will provide the necessary guidelines and instructions to record the attributes and relationships that represent the content of the information resource».[ii]
De plus toute la terminologie habituelle change. Ainsi on ne parle plus :
- de vedette mais de point d’accès autorisé pour une oeuvre
- de recueil mais de compilation
- de renvoi mais de variante de nom
- de titre uniforme mais de point d’accès autorisé pour une œuvre ou une expression
- de vedette secondaire mais de variante de point d’accès
- de vedette principale mais de point d’accès préféré
- d’inscrire un ISBN mais d’inscrire un identificateur de la manifestation
Autre changement significatif : les RDA remplacent les IGGD (Indication Générale du Genre de Document qui sont les mentions entre parenthèses à la fin du titre comme [enregistrement sonore]) et les classes de documents par un nouveau cadre qui comporte trois éléments : type de contenu, type de média et type de support. «L’information que les IGGD communiquaient était de l’information utile. De plus, la visibilité des IGGD agissait comme un signe d’avertissement précoce pour aider l’utilisateur à distinguer les ressources les plus appropriées. Le problème avec les IGGD était l’incohérence de la catégorisation»[iii] puisqu’on y mêle les types de média (ex. : [microforme]) avec les types de contenus (ex. : [musique]). Le codage des 3 nouveaux éléments est déjà prévu en MARC 21 sous les nouvelles zones 336 (Type de contenu), 337 (Type de média) et 338 (Type de support). Cela permettra une granularité rendue nécessaire par le besoin de bien distinguer les contenus des supports et de les attribuer aux bons types d’entité. L’étude exhaustive de Chris Oliver (citée plus haut) sur la description des ressources de différents formats dans RDA donne un éclairage très lumineux sur ce problème particulier.
Pour nous aider à faire la transition, l’organisme responsable de la mise en œuvre des RDA, le Joint Steering Committee for Development of RDA (JSC)
(constitué de représentants du Comité canadien de catalogage, de l’American Library Association, du Chartered Institute of Library and Information Professionals (Royaume-Uni), de l’Australian Committee on Cataloguing, de la British Library et de la Library of Congress) offre la possibilité (moyennant «quelques» $$$) d’utiliser le RDA Toolkit.
Cette boîte à outils offre les instructions RDA en ligne avec une multitude de liens, des diagrammes de flux, des exemples de notices en AACR2 vs RDA, le texte complet des AACR2 en lien avec les RDA, etc.
C’est pour quand ?
La Library of Congress a annoncé officiellement qu’elle allait implanter et utiliser RDA à partir du 31 mars 2013. Les autres bibliothèques nationales impliquées dans le projet (Canada, Grande-Bretagne, Allemagne et Australie) feront de même vers la même date. Bibliothèques et Archives nationales du Québec prévoit implanter la norme RDA au courant de 2013. Bien sûr une traduction française est en cours et devra être terminée avant l’utilisation de la nouvelle norme.
De plus, «afin de permettre la création et l’échange de données RDA, les fournisseurs de systèmes intégrés de gestion de bibliothèque devront d’abord apporter des changements à la structure MARC 21 de leur catalogue. Les index devront également être modifiés afin de permettre la recherche et éventuellement l’affichage des nouveaux éléments de données.
À terme, les catalogues d’accès public seront aussi amenés à évoluer afin de tirer pleinement profit des données créées au moyen de la norme RDA et d’offrir aux utilisateurs une présentation plus intégrée des données.
En général, la conversion des notices existantes ne sera pas nécessaire puisque les notices créées au moyen de la norme RDA pourront cohabiter avec les notices créées selon le RCAA2.»[iv]
Le défi est de taille : il faut mettre en conjonction tous les éléments impliqués (les fournisseurs de systèmes, les outils de travail, les nouveaux concepts, les anciens catalogues, le format de présentation, les techniciens en documentation et les bibliothécaires, etc.) afin d’offrir un produit qui sera une véritable amélioration par rapport à ce qui existe présentement. Les questions sont présentement nombreuses, à commencer par celle fondamentale : ça devrait aller pour la description (les attributs) des entités bibliographiques (moyennant une sérieuse gymnastique intellectuelle J) mais pour bien établir les relations DANS les notices OU entre les notices à venir afin de tirer profit de ce riche cadre théorique et l’illustrer de façon conviviale dans les nouveaux OPAC, voilà où les réponses sont présentement partielles et à venir …
[i] Oliver, Chris. FRBR et RDA : Progrès dans la description des ressources de divers formats, Mars 2009, p.107 http://www.collectionscanada.gc.ca/obj/005002/f2/005002-2200-f.pdf
[ii] Knight, Tim. Cataloguing rules! The road to RDA. p.4.
http://pi.library.yorku.ca/dspace/bitstream/handle/10315/2550/RDA_TALL_2009_final.pdf?sequence=1
[iii] Oliver, Chris. FRBR et RDA : Progrès dans la description des ressources de divers formats, Mars 2009, p.63. http://www.collectionscanada.gc.ca/obj/005002/f2/005002-2200-f.pdf
[iv] Service Québécois de Traitement Documentaire. RDA-Questions et réponses. http://sqtd.banq.qc.ca/faq/faq-rda.dot
Le 5 octobre 2012 à
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Le 5 octobre 2012 à
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Le 7 novembre 2012 à
[...] Les catalogueurs et les RDA : l’impact pour les catalogueurs sera sans doute important car il devront non seulement adopter une nouvelle terminologie mais modifier totalement leur démarche intellectuelle tant diffèrent les structures des codes AACR et RDA. [...]