Comment ça marche ?
«En gros, les FRBR organisent les différentes composantes de la description bibliographique (les autorités, les accès sujet et les informations physiques sur le document proprement dites) en trois groupes d’entités reliées ensemble par des relations.
Le 1er groupe d’entités regroupe tout ce qui concerne les documents et leurs différentes versions. Ces entités sont (de la plus abstraite à la plus concrète)»[i] :
- Œuvre : une création intellectuelle ou artistique déterminée (par exemple : Germinal (dans la tête !) d’Émile Zola).
- Expression : une réalisation de cette création intellectuelle (par exemple, la traduction anglaise de Germinal par Roger Pearson ou même le texte manuscrit original de l’œuvre !).
- Manifestation : la matérialisation d’une expression (par exemple, la traduction anglaise de Germinal par Roger Pearson et publié chez Penguin Books en 2004 qui porte le ISBN 0140447423). La manifestation est, en gros, ce qui correspond le plus aux notices bibliographiques actuelles dans nos catalogues.
- Item (ou Document) : un exemplaire précis d’une manifestation (par exemple celui qui porte le code barres 30010003948828 à la Bibliothèque de Saint-Laurent).
Ainsi :
Œuvre (une création intellectuelle déterminée)
trouve sa réalisation dans
Expression (la réalisation intellectuelle d’une œuvre)
se concrétise dans
Manifestation (la réalisation physique de l’expression d’une œuvre)
est représenté par
Item (un exemplaire précis d’une manifestation)
Ce que permettra éventuellement l’application pratique de ce concept, c’est une navigation beaucoup moins linéaire, des résultats de recherche moins énumératifs et hétéroclites soutenus par des menus qui livreront une vision d’ensemble d’une œuvre et les relations qui se tissent entre cette œuvre et ses manifestations concrètes.
Le second groupe d’entités correspond aux «autorités» : personnes, collectivités (dont familles).
Le troisième groupe regroupe des entités qui sont le «sujet» de l’œuvre : concept, objets, lieux et événements.
Nous avons donc 10 entités distinctes (les 10 rectangles) divisées en 3 groupes. Les relations entre les groupes sont indiquées par les flèches. Chaque entité possède aussi ses attributs ou caractéristiques :
Pour «illustrer» les différentes entités du groupe 1, pourquoi pas Dracula ? :
Ces entités et les relations qu’elles établissent entre elles tendent à répondre aux 4 grands besoins des utilisateurs :
Trouver les ressources qui correspondent aux critères de recherche
(je cherche le titre Robinson Crusoë) —» Oeuvre
Identifier une ressource qui correspond à celle recherchée
(je veux une traduction française et non le texte original) —» Expression
Choisir une ressource qui soit en adéquation avec ses besoins
(en format de poche si possible ex. : Folio) —» Manifestation
Obtenir la ressource décrite
(je vais aller emprunter l’exemplaire de Saint-Michel, c’est tout près)—» Item
Les FRBR créent une structure de base pour satisfaire à ces besoins en proposant la possibilité de collationner les documents au niveau des œuvres et expressions.
Exemples :
- Relier ensemble les différentes éditions, traductions et formats d’une œuvre
- Relier les cotes et vedettes-matière aux «notices» de l’œuvre ou de l’expression et ainsi éviter la répétition de l’information dans les notices bibliographiques (voir schéma ci-dessus la relation possible entre Groupe 3 et Groupe 1)
- Relier entre eux les fichiers d’autorité à l’échelle mondiale et reconnaître ainsi le besoin de l’utilisateur de lire les vedettes dans sa langue (utile quand on sait que la forme acceptée ici de l’autorité pour l’Orchestre national de Vienne est plutôt Niederösterreichisches Tonkünstlerorchester!!). À cet égard le projet de VIAF (Virtual International Authority File/Fichier d’autorité
international virtuel) offre des perspectives intéressantes.
Il faut bien voir que les AACR2 ne sont pas pour autant jetées par-dessus bord, de même que le format MARC. RDA reprend les points forts des AACR2 au niveau de la logique mais laisse de côté ses aspects parfois arbitraires (la fameuse règle de trois), sa terminologie parfois désuète, ses limitations au niveau du nombre d’accès (fiches obligent !!), son manque de convivialité (abréviations latines et autres) et ses règles parfois un peu … absconses. Les anciennes notices seront compatibles avec les nouvelles et le format MARC pourra tout à fait s’y intégrer. Les RDA étant une norme de contenu et non d’encodage, la possibilité de s’ouvrir éventuellement à plusieurs formats d’encodage ou normes de métadonnées est implicite: MARC, Dublin Core, MODS (Metadata Object Description Schema), ONIX (ONline Information eXchange : format d’échange entre éditeurs) etc. et ainsi permettre d’intégrer les notices bibliographiques des bibliothèques à celles produites par d’autres communautés de métadonnées, et aller au-delà des catalogues des bibliothèques dans l’environnement numérique commun.
De plus, nous pouvons remarquer que la traditionnelle notion de «titre uniforme[iii]» n’est pas très loin de la notion FRBR d’«œuvre»!. D’ailleurs très récemment, «dans une perspective de FRBRisation de ses catalogues, la Bibliothèque Nationale française (BnF) a engagé une réflexion sur les accès titres uniformes de différents types d’œuvre»[iv]
Demain dans la 3e partie : RDA et la FRBRisation des catalogues.
[i] Manue. Les FRBR, qu’est ce que c’est ? http://www.figoblog.org/document594.php
[ii] Peponakis, Manolis; Sfakakis, Michalis; Kapidakis, Sarantos. FRBRisation : utiliser les zones de lien UNIMARC pour identifier les Œuvres. p.2. http://conference.ifla.org/past/ifla77/187-peponakis-fr.pdf,
[iii] «Titre conventionnel collectif qui sert à regrouper les publications d’un auteur, d’un compositeur ou d’une collectivité, lesquelles comportent plusieurs oeuvres ou des extraits, etc., de plusieurs œuvres…» RCAA, Éditions ASTED, 2000, p. 786.
[iv] Bibliothèque Nationale de France. Catalogage et indexation. http://www.bnf.fr/fr/professionnels/catalogage_indexation.html
Le 2 octobre 2012 à
[...] [...]
Le 3 octobre 2012 à
[...] [...]
Le 15 octobre 2012 à
[...] «En gros, les FRBR organisent les différentes composantes de la description bibliographique (les autorités, les accès sujet et les informations physiques sur le document proprement dites) en trois groupes d'entités reliées … [...]
Le 1 novembre 2012 à
[...] Demain, la 2e partie : Comment fonctionne les RDA. [i] Denton, William. FRBR and the history of cataloging. p.40 http://pi.library.yorku.ca/dspace/bitstream/handle/10315/1250/denton-frbr-and-the-history-of-cataloging.pdf?sequence=1 [...]
Le 6 novembre 2012 à
[...] Comment fonctionnent les RDA ? Les FRBR identifient 3 groupes d’entités, dotées d’attributs et reliées par des relations, qui concernent : – le document : Œuvre, Expression, Manifestation, Item ou Document, – les autorités : personnes, collectivités, – le sujet : concept, objets, lieux et événements, et permettent une vision d’ensemble d’une œuvre et les relations qui se tissent entre cette œuvre et ses manifestations concrètes. Étant une norme de contenu et non d’encodage, RDA permet de s’ouvrir à plusieurs formats d’encodage ou normes de métadonnées (MARC, Dublin Core, MODS, ONIX etc.) et d’intégrer les notices bibliographiques des bibliothèques à celles produites par d’autres communautés. RDA offre ainsi l’opportunité d’intégrer les catalogues sur le web sémantique. [...]