Pour y répondre, suivons la vie d’une TIC (une technologie de l’information et des communications), du berceau au boulot.
Au berceau : matières premières et fabrication
Un ordinateur peut exiger jusqu’à 100 fois sa masse en matières premières alors qu’une automobile ou un réfrigérateur en requiert du simple au double. La masse de matières extraites pour en dégager les quelques grammes de métaux qui entreront dans sa fabrication se chiffre en tonnes. Ajoutons à cela, pour un PC et un écran de 17 po (1), 1500 litres d’eau potable ou stérilisée (surtout pour la fabrication), 22 kg de produits chimiques et 373 litres de pétrole (2). Un seul circuit intégré (une puce), pesant 2 g et mesurant 0,16 micromètre, requiert 1200 g de combustible fossile, 1 m3 d’azote, 72 g de produits chimiques et 32 litres d’eau.
Côté déchets, la fabrication en génère 164 kg pour le même ordinateur avec écran de 17 po, dont 15 % (le poids de l’ordinateur) sont des substances hautement toxiques. L’énergie (généralement) fossile utilisée totalise 10 fois le poids de l’équipement en équivalent carbone.
Au boulot : l’utilisation dépend des besoins et [surtout] des comportements
C’est à l’utilisation que les impacts indirects et organisationnels des TIC influent le plus sur la société, l’environnement et l’économie :
Le mode utilisation accapare jusqu’à 60 % de l’énergie totale du cycle de vie d’une TIC. Un appareil qui n’est pas mis en veille est très énergivore, quelle que soit la source d’électricité. Plus un écran est grand, plus il consomme.
Un ordinateur portable consomme 50 % moins d’électricité qu’un ordinateur fixe, mais il est moins évolutif.
Le mode veille consomme environ 10 % de l’énergie totale de la durée de vie d’un appareil. S’il est mis en veille mais jamais éteint, cet appareil consommera de 10 % à 25 % de la facture d’électricité. En France, où l’énergie est nucléaire, on évalue que la consommation annuelle des appareils en veille dans les maisonnées équivaut à la production de deux réacteurs nucléaires (3). Au Canada, la mise en veille permanente des appareils électriques, avec son cortège de voyants lumineux, représente la consommation électrique annuelle du Nouveau-Brunswick (4).
Ne pas confondre la mise en veille avec l’écran de veille ou économiseur d’écran. Ce dernier ne permet pas d’économiser l’énergie.
En bibliothèque, les serveurs, les ordinateurs de comptoirs, les OPAQ et les postes Internet, ainsi que certains appareils programmés, doivent, pour l’instant, rester ouverts jour et nuit. Tous les autres appareils, par contre, pourraient être éteints le soir. L’écran, par exemple, s’éteint d’un seul clic. Les lecteurs de code à barres et autres périphériques branchés directement dans l’ordinateur se ferment à l’arrêt de celui-ci. Il suffit de 30 à 60 secondes en moyenne pour démarrer le système et de 30 à 60 secondes pour ouvrir Lotus. Deux minutes. Le temps d’enlever son manteau, d’aller chercher un café ou d’en griller une. La fin de semaine et au départ des vacances, pas d’excuse pour ne pas éteindre son ordinateur et ses périphériques.
Même éteint, un appareil électrique consomme de 2 à 22 Watts/h. Un portable consomme jusqu’à 17 Watts/h, l’imprimante 7 Watts/h, le décodeur numérique 15 Watts/h et le téléviseur 5 Watts/h.
Selon l’Office de l’efficacité énergétique, la seule façon d’être assuré qu’un appareil ne consomme pas d’électricité est de le débrancher ou de fermer la barre de tension sur laquelle il est branché. Plutôt difficile à faire au travail, mais à la maison, on peut brancher l’ordinateur et ses périphériques sur une multiprise munie d’un interrupteur, qu’il suffit d’éteindre le soir, durant les vacances ou les absences prolongées. Il existe des barres d’alimentation intelligentes dotées de prises indépendantes, qui permettent de regrouper des appareils informatiques (ou même ses petits électroménagers), y compris les appareils programmés qu’on ne peut pas débrancher, tel que les enregistreurs numériques. Il en existe même avec minuterie : le débranchement se fait alors tout seul.
La réponse
Donc, en réponse à la question, on peut répondre que cela dépend de nous…. de combien de centrales électriques nous avons besoin pour satisfaire à la demande énergétique du type d’utilisateur que nous sommes. Devons-nous absolument garder les voyants de nos écrans, imprimantes personnelles, agrafeuses et étiqueteuses électriques allumés en tout temps? Si le coût et les impacts sont plutôt insignifiants à l’échelle d’un espace personnel de travail ou d’un logis, on n’a qu’à les reporter à l’échelle d’une population pour en saisir l’énormité.
Bonnes vacances ! N’oubliez pas d’éteindre.
[1] Computers and the Environment : Understanding and Managing their Impacts, 2003, sous la dir. de Ruediger et Eric Williams, Kluwer Academic Publishers, EcEfficiency in Industry and Science Series, Dordrecht/NL, 300 p.
[2] http://www.electronicstakeback.com/green-design-vs-greenwashing-2/
[3] L’ADEME — l’Agence de l’Environnement et de la Maîtrise de l’Énergie de France — fournit, sous forme de tableaux, des exemples d’appareils consommant de l’énergie tout en étant arrêtés ou en mode d’attente. Très informatif. http://www.ademe.fr/lorraine/energie/mde.html
[4] http://vieenvert.telequebec.tv/sujets/588/debrancher-pendant-2-semaines