juin - 2013 14

Gaëlle Bergougnoux est étudiante à la maîtrise en sciences de l’information à l’EBSI. Elle termine ses études en effectuant un stage sur le sujet des fab labs à la Division des Quartiers culturels avec Marie D Martel.

La bibliothèque publique, de par son rôle et sa place dans la société a toujours avancé et accompagné les évolutions de celle-ci. Loin de l’image du sanctuaire de livres (ce qu’elle est aussi d’une certaine façon), la bibliothèque s’est toujours renouvelée, s’adaptant et adoptant les technologies de l’heure. Ainsi CD, DVD, Blu-ray, jeux vidéo sont entrés dans ses collections. Ordinateurs et internet ont aussi leur place dans ces lieux publics d’information. Les formations et les activités proposées aux usagers se sont aussi diversifiées, et si l’on y raconte toujours des histoires aux plus jeunes, on y trouve maintenant des soirées jeux vidéo, des initiations à Internet et aux réseaux sociaux. Mais comme l’ont souligné plusieurs auteurs et professionnels du monde des sciences de l’information, la bibliothèque du 21e siècle entre dans une nouvelle ère, qui, de consultation et utilisation, devient participation et création.

Le concept qui a nourri cette réflexion nous vient de la sociologie urbaine et plus précisément de Ray Oldenburg. Dans ses ouvrages Celebrating the Third Place et The Great Good Place, le sociologue y développe l’idée, qu’après le premier lieu (la maison) et le deuxième (le travail), les humains ont besoin d’un troisième lieu, neutre, pour s’y retrouver, interagir, entrer et participer à la vie de la communauté. Oldenburg pense avant tout aux cafés (un certain modèle du café européen), mais aussi à bien d’autres endroits comme le titre complet de son livre l’indique : The Great Good Place: Cafes, Coffee Shops, Community Centers, Beauty Parlors, General Stores, Bars, Hangouts, and How They Get You Through the Day… Pourtant, si la bibliothèque publique ne fait pas partie des espaces qu’Oldenburg propose comme « tiers-lieu » ou « troisième lieu », nombreux sont ceux qui ont vu en elle les caractéristiques idéales pour répondre à ce concept. S’est alors posée la question de la façon dont la bibliothèque publique, qui possède en ses fondements des valeurs idéales pour être ce tiers-lieu, ferait pour en être effectivement un.

Les fab labs sont une réponse possible à cette transformation nécessaire, ce passage de lieu de consultation à lieu de participation, que vivent les bibliothèques publiques, et orienté bien évidemment vers les usagers. Comme le souligne en effet Jeff Krull, directeur de la Allen County Public Library : « The library is in the learning business, not just the book business ». Et c’est ainsi qu’il explique la présence du conteneur installé dans le stationnement de la bibliothèque et qui contient un fab lab, un « fabrication laboratory », un espace dédié à la fabrication numérique.

 

Qu’est-ce qu’un fab lab ? Et a-t-il sa place en bibliothèque publique ?

Les fab labs (contraction de fabrication laboratory) sont nés en 2001 au MIT, dans un cours du professeur Neil Gershenfeld intitulé « How to make (almost) anything ? ». On trouve plusieurs définitions de ce type de lieu. Fabien Eychenne, dans un rapport de la Fing (Fab Labs, Tour d’horizon) en parle comme « d’une plate-forme de prototypage rapide d’objets physiques, « intelligents » ou non » (p.7). C’est plus concrètement un atelier de création, fabrication numérique dans lequel on retrouve des machines à commande numérique (imprimante 3D, découpeuse laser, fraiseuse, etc.), des outils (petite électronique, fer à souder par exemple) et bien évidemment des ordinateurs, équipés de logiciels de CAO (création assistée par ordinateur).

Mais un fab lab, c’est aussi et surtout des valeurs. Pour Gershenfeld, le fab lab est « un lieu dans lequel s’expriment la créativité et le partage » (Eychenne, p.20), un endroit qui permet un apprentissage différent, qui veut revaloriser la culture du faire. Le travail en équipe est plus qu’encouragé, l’apprentissage par les pairs quasi inévitable et souhaité. Des réseaux intra fab lab et inter fab labs ont émergé. Quiconque vient utiliser un fab lab lors des journées ouvertes à tous est prié de documenter et déposer son projet sur le(s) réseau(x). Le partage est donc une notion importante. En effet, « un projet a plus de chance de réussir s’il est partagé avec les autres parce qu’il s’enrichit et s’améliore au contact de la communauté » (Eychenne, p.21).

Si les fab labs sont une belle expression du DIY (Do it yourself), ils appliquent également en leur sein le DIWO (Do it with others). Les fab labs peuvent exister sous différents modèles, privés, semi-privés ou publics, soutenus par une école, une collectivité locale, une société, et être ouverts à tous ou seulement pour des étudiants ou des entreprises. Si l’investissement de départ peut être relativement important (environ 100 000$, et avec un budget de fonctionnement mensuel de 5000 à 25 000$), il est tout à fait possible, et l’on voit fleurir sur la toile de nombreuses façons et propositions, de monter un fab lab avec un budget beaucoup plus modeste.

Montréal possède son propre fab lab, échoFab, répondant à la charte du MIT. Il se présente comme « un prototype d’atelier numérique communautaire de quartier » et est ouvert au grand public deux journées par semaine.

 

Tout ceci est bien beau me direz-vous, mais quel rapport avec les bibliothèques publiques ?

Si l’on en revient au concept de « tiers-lieu », la bibliothèque ne peut pas éternellement rester un espace d’emprunt et de consommation de l’information sous quelque forme qu’elle soit. Pour devenir ce troisième lieu après la maison et le travail, un lieu dans lequel on se sent bien, pour lequel on a un sentiment fort d’appartenance et qui nous permet de nous ancrer et de participer à la vie de notre communauté, la bibliothèque publique doit proposer de nouveaux espaces de partage, de communication, de création. Les fab labs semblent répondre à ces nouvelles préoccupations. Ils sont des lieux ouverts, prônant l’éducation et l’apprentissage (une littératie technologique et technique) et si les bibliothèques ont démocratisé l’accès au savoir, les fab labs ont « pour objet de démocratiser l’accès aux outils et machines pour permettre les inventions et les expressions personnelles » (Eychenne, p.49).

Plusieurs bibliothèques, pour la plupart aux Etats-Unis, ont ainsi expérimenté le concept du fab lab en leurs murs. Le plus célèbre reste à ce jour le Fab Lab de Fayetteville Free Library. Sa directrice, Susan Considine affirme que les bibliothèques sont là pour donner aux gens l’opportunité d’être ensemble pour apprendre, discuter, découvrir, tester, créer…Et c’est avec cette idée que le Fabulous Laboratory (bien que répondant aux critères du MIT, ce « fab lab » ne veut pas s’appeler ainsi pour se laisser la possibilité d’évoluer selon les exigences de la bibliothèque et les souhaits des usagers) a vu le jour. Lauren Britton Smedley, qui est l’instigatrice du projet, a beaucoup réfléchi à la forme qu’il pourrait prendre, à ce qui appartient à un espace comme celui-ci. C’est finalement un modèle hybride, qui est ouvert aux entrepreneurs. La bibliothèque est ainsi vue comme un centre d’échange de connaissances, ce qui correspond parfaitement aux fab labs et à l’importance qu’ils accordent au partage.

D’autres bibliothèques publiques proposent des espaces de création, des makerspaces (lieu de rassemblement d’une certaine communauté liée par des intérêts communs, où l’on se retrouve pour socialiser, échanger, élaborer des projets, partager et fabriquer). Ainsi la Maker Station de la Allen County Public Library est une sorte de fab lab installé dans une remorque située sur le stationnement de la bibliothèque. Avec l’idée que « anytime libraries come across an opportunity for people to learn and grow, they should do it », son directeur, Jeff Krull, a établi un partenariat avec TekVenture, une organisation sans but lucratif spécialisée dans la technologie et les makerspaces. L’organisation a fourni remorque et équipements, et la bibliothèque un emplacement pour le tout. La Maker Station est ouverte trois jours par semaine au grand public, le reste du temps elle est à la disposition d’entrepreneurs ou de particuliers.

On retrouve aussi des espaces de création numérique, montage de film, photographie, studio d’enregistrement, dans plusieurs bibliothèques aux Etats-Unis, parfois destinés aux jeunes et adolescents en particulier. C’est le cas du YOUmedia lab à la Chicago Public Library ou du Storylab de la Tacoma Public Library. Le Digital Media Lab de la Skokie Public Library, ouvert à tous les usagers de la bibliothèque, possède ordinateurs et équipements pour filmer, photographier, enregistrer. Certains matériels peuvent même être empruntés. I Street Press de la Sacramento Public Library propose des ateliers d’écriture, des informations sur la publication pour écrivains en herbe et permet même de publier ses œuvres grâce à une Espresso Book Machine ! Comme le résume cet article, « I Street Press turns readers of books into makers of books ».

Plus proche de nous, le Café de Da de la bibliothèque Ahuntsic a ouvert ses portes en 2011. Il propose rencontres et conférences, mais a initié en 2012 des ateliers de cinéma en direction des 16-25 ans pour leur permettre de réaliser, monter et projeter des films.

Tous ces exemples illustrent l’entrée des bibliothèques publiques dans l’ère de la culture du faire. N’en étant qu’à ses balbutiements, c’est toutefois une période de tâtonnements et de questionnements. Un fab lab a-t-il sa place dans les bibliothèques de Montréal ? Sous quelle forme ? Et pour quels publics ? Comment, après l’âge de l’accès et de la formation que définit Marie D. Martel, passe-t-on à celui qu’elle nomme l’âge de la participation ?

Parues en 2011, les nouvelles Lignes directrices pour les bibliothèques publiques du Québec, rappellent que ces dernières sont « étroitement liée[s] à la vie citoyenne » et qu’elles « contribue[nt] de façon significative au développement culturel, communautaire, social et économique des individus et des collectivités » (p.11). Parmi ses six valeurs principales, on retrouve l’approche participative, la créativité et le développement durable, trois valeurs qui, bien que non mises de l’avant de façon explicite, sont aussi celles des fab labs. Plus loin, les Lignes directrices rappellent que « les ressources technologiques font partie intégrante de l’offre de service de la bibliothèque publique » (p.37).

Lorsque l’on se penche sur la Politique de développement culturel de la ville de Montréal, 2005-2015, il est mentionné comme axes stratégiques pour les bibliothèques qu’il faut « renforcer [leur] utilisation comme outil d’intégration et de développement social » ainsi que leur rôle « comme milieux de vie ». Sans qu’il soit nommé, transparaît dans ces volontés, le concept de tiers-lieu. Pourtant, aucune action concrète n’est proposée pour faire de la bibliothèque publique cet espace particulier.

Les fab labs, de par leurs valeurs et leurs principes, pourraient être une des réponses pour entrer dans l’âge de la participation. Comme le souligne Eychenne, ils encouragent « la créativité individuelle car elle est porteuse de plus de conscience et responsabilité sociale » (p.9). On retrouve dans la charte des fab labs les termes accès, partager avec les autres utilisateurs, éducation, capitalisation des connaissances… La filiation avec les bibliothèques publiques apparaît de plus en plus évidente.

 

 Alors c’est décidé, installons un fab lab dans une bibliothèque !

Avant tout, il importe de se demander sous quelle forme nous voulons implanter ces nouveaux espaces et toutes leurs nouvelles fonctions dans la bibliothèque publique (un webinaire d’OCLC et du Library Journal indique un budget de 10 000 à 50 000$ pour monter un fab lab et un espace nécessaire d’environ 75 m2).

L’expression même de fab lab correspond à l’espace inventé par Neil Gershenfeld et reconnu par le MIT. Les bibliothèques publiques, bien que s’inspirant fortement de sa philosophie et de ses principes, ne sont cependant pas obligées de se conformer à tous les points de la charte. Sans doute, vont-elles devoir se pencher et réfléchir à quelle sorte de makerspace elles veulent pour leur communauté et leurs citoyens. On peut même imaginer que les bibliothèques publiques développeront leur propre homologation, répondant ainsi à leurs réels besoins.

Les fab labs possèdent des qualités « humaines » que les bibliothèques publiques vont sans doute pouvoir utiliser. On peut ainsi penser à un partenariat avec des écoles ou certains programmes particuliers, pour revaloriser le travail manuel, ce « faire » qui disparaît des écoles. Les enfants aiment naturellement bricoler (il n’est qu’à voir le succès des petits bricolages qui sont souvent proposés après l’heure du conte), ils sont certainement un public déjà acquis aux fab labs. Les adolescents, et ce n’est pas pour rien que plusieurs bibliothèques américaines ont développé des labs spécifiquement pour eux, sont aussi des usagers à privilégier dans cette entreprise, eux qui délaissent la bibliothèque publique à cet âge particulier de la vie… Plus globalement, le fab lab, un terrain neutre qui propose une littératie nouvelle, où tout le monde se retrouve un peu sur le même pied d’égalité et où chacun est encouragé à partager ses connaissances, pourrait être un lieu de mixité, de réconciliation sociale.

En venant à la bibliothèque pour fabriquer (comme on y vient pour lire), c’est un véritable moyen de s’approprier le lieu qui est proposé ici. En permettant aux usagers de créer, en favorisant l’émergence de projet individuel et communautaire, le fab lab leur offre par là-même la possibilité de s’épanouir personnellement et de faire rayonner la bibliothèque dans sa communauté.

 

Image : Marc-Olivier Ducharme, source : échoFab, licence : CC BY-NC-SA 2.5 CA

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juin - 2013 02

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Le YOUmedia est-il l’avenir de la bibliothèque? Notre collègue, Patrick Lozeau a visité cet espace récemment et a bien voulu partager ses images ainsi qu’un commentaire sur le lieu. C’est l’occasion de poursuivre l’exploration des laboratoires en bibliothèques. Le projet du YOUmedia a reposé sur une approche de design social et participatif impliquant la présence des adolescents dans le processus de la conception. La documentation sur le YOUmedia est abondante, on peut même y trouver le programme et un schéma d’aménagement. En guise d’introduction, je reprends ici les principaux éléments de cette démarche.

Le YOUmedia se définit comme un espace d’apprentissage des nouveaux médias conçu pour les adolescents qui a été inauguré en 2009 au sein de le Chicago Harold Washington Library Center.

Suivant le parti pris philosophique du YOUmedia, il s’agit de permettre aux jeunes d’apprendre à être des créateurs de contenus éclairés plutôt que de simples consommateurs.

On assume que la littéracie des nouveaux médias doit être développée très tôt chez les jeunes par le biais de différentes expériences formelles et informelles, mais qui seront intrinsèquement motivantes parce qu’elles impliquent l’utilisation des nouveaux médias.

Et comme aujourd’hui les compétences relatives aux nouveaux médias sont transversales, dans la mesure où elles croisent à peu près toutes les dimensions de la culture, on s’inscrit dans une démarche large de translittéracie.

Il s’agit aussi d’une approche de type « learning by doing » c’est-à-dire que l’apprentissage est réalisé par le biais d’activités de fabrication, de manipulation en réalisant des projets, fondés sur les intérêts, et qui favorisent la pensée critique, la créativité et le renforcement des compétences. On constate à travers dans les images plus récentes du YOUmedia que celui-ci a intégré un volet de laboratoire de fabrication dans l’esprit des fab labs.

Selon les programmateurs, le YOUmedia relève deux défis considérables auxquels font face les bibliothèques publiques d’aujourd’hui:

• Le manque d’espaces engageants et appropriés, numériques et physiques, pour les adolescents dans les bibliothèques publiques;
• Le manque d’opportunités pour les adolescents leur permettant de développer des compétences numériques adéquates pour fonctionner dans la société contemporaine;

La réponse à ces défis au YOUmedia a consisté à offrir des espaces appropriés aux adolescents susceptible de leur permettre de réaliser des projets qui font sens pour eux en ayant la possibilité d’accéder à un registre varié de ressources : des livres, une centaine d’ordinateurs portables et de bureau, des outils de création médias, des logiciels pour la photo, la vidéo, le dessin, la musique. Le YOUmedia propose également un studio d’enregistrement maison avec des claviers, de tables tournantes, et une table de mixage.

Plus précisément, la réponse à ces défis a été globale avec une proposition comportant 5 ingrédients essentiels :

1) L’espace. Dans un YOUmedia, il doit avoir un espace physique où les jeunes peuvent se rassembler de même qu’un espace en ligne pour le réseautage social, la diffusion de leurs œuvres et le partage d’idées.

La conception de l’espace YOUmedia a découlé des travaux du professeur Mizuko Ito, Living and Learning with Digital Media (2008), qui a produit une étude ethnographique auprès de 700 jeunes montrant que les jeunes participent aux médias numériques selon trois modalités :
• Le Hanging Out lorsqu’ils «traînent» et conversent avec des amis dans les espaces sociaux comme Facebook.
• Le Messing Around lorsqu’ils bricolent avec les médias numériques, font des vidéos simples, jouent à des jeux en ligne, publier des photos dans Flickr, etc.
• Le Geeking Out lorsqu’ils approfondissent l’exploration de leurs principaux intérêts et de leurs passions : musique rap, création de fan fiction, de robots, etc., souvent à travers des collaborations et en bénéficiant de l’apprentissage par les pairs.

Ito et als. ont observé que ces activités en ligne contribuent à l’apprentissage des jeunes de manière significative au-delà des expériences dans les programmes scolaires ou de la communauté. Le YOUmedia est organisé et aménagé avec trois zones distinctes qui correspondent à ce schéma des usages :

  • Une zone de Hanging Out pour échanger et converser. C’est un espace social avec une ambiance détendue où les adolescents peuvent lire, parler avec des amis, sur place ou via les réseaux sociaux. L’environnement, dit-on, est conçu pour offrir «une introduction sans pression à la technologie».
  • Une zone de Messing Around pour explorer et expérimenter. Cet espace vise à favoriser l’exploration des supports numériques pour ceux qui ne sont pas nécessairement prêts à s’engager dans des ateliers plus structurés.
  • Une zone de Geeking Out pour creuser, approfondir, pour aller plus loin, souvent avec l’aide d’un mentor ou d’un bibliothécaire, par l’intermédiaire d’ateliers et de projets. Dans ce cas, le YOUmedia propose un espace de formation et d’apprentissage collaboratif.

Les autres conditions du concept de YOUmedia :

2) Les mentors. Dans un YOUmedia, il doit avoir des mentors pour accompagner les jeunes dans leurs projets.

3) Les intérêts. Dans un YOUmedia, on favorise l’apprentissage des jeunes en tenant compte de leurs intérêts.

4) La recherche. Dans un YOUmedia, la programmation et l’offre de services sont continuellement ajustées en fonction des collectes de données et des informations recueillies sur les besoins des jeunes par des chercheurs. L’Université de Chicago, notamment le département de sociologie et l’Institut d’éducation urbaine, a été étroitement impliquée dans les cueillettes de données, les études, les processus et les évaluations ayant servi de cadre au YOUmedia.

5) Les partenaires. Le YOUedia est le résultat d’une collaboration entre divers partenaires qui contribuent à offrir différentes opportunités et des ressources aux jeunes.

Patrick Lozeau a visité l’espace YOUmedia avec le regard avisé qu’on lui connaît au sein de la profession, et il a généreusement accepté de partager son point de vue en commentant le lieu :

Avant de répondre à tes questions, j’aimerais préciser que j’ai eu l’occasion de visiter le YOUMedia à deux reprises. Ma première visite remonte à septembre 2009. À ce moment, j’ai visité l’espace un samedi en fin d’après-midi quand l’endroit était plein d’adolescents. J’y suis retourné un matin de semaine pour prendre les photos sans les jeunes. Cette année, j’ai visité l’endroit un mercredi après-midi quand plusieurs jeunes s’y trouvaient.

Quels sont les aspects que tu as jugés les plus intéressants dans cet espace ?

Je suis quelqu’un de très visuel, je dois retourner à mes photos pour m’aider à répondre à tes questions. Cependant, l’élément qui m’a le plus marqué sans regarder mes photos, c’est l’esprit de l’endroit. YOUmedia se situe dans la bibliothèque centrale de Chicago, la Harold Washington Library, mais la minute que tu entres dans l’espace, tu n’as pas l’impression de rentrer dans une bibliothèque. Il règne plutôt un esprit de maison des jeunes. Les livres sont toujours présents, mais les bibliothèques disposées sur les murs changent la perception de l’endroit. Pour moi, c’est très positif si l’objectif est d’attirer une nouvelle clientèle qui aurait une image négative d’une bibliothèque.

Qu’est-ce que tu améliorerais dans le YOUmedia ?

Difficile d’émettre une critique sur un endroit qu’on connaît seulement comme «touriste». Pendant mes visites, je n’avais pas l’impression que le personnel s’impliquait dans les activités du YOUmedia. J’avais l’impression que les jeunes interagissaient plus souvent avec le gardien de sécurité qui est présent en permanence. Je sais qu’ils ont des activités, mais quand une personne entre dans l’espace, il est difficile de le repérer et c’est un élément qu’ils devraient améliorer.

Est-ce que tu penses que le modèle du YOUmedia est un modèle – en termes de concept, design, services, mentorat – dont on pourrait s’inspirer pour développer des espaces pour les ados ou les jeunes adultes à Montréal ?

Je pense que oui. Pour moi, YOUmedia représente l’évolution de la bibliothèque contemporaine : l’espace de ressources et de création sous toutes ces formes. Ça m’est aussi apparu comme un endroit de socialisation pour les jeunes. Une sorte de point de rencontre où on peut se donner rendez-vous pour passer du temps. Le local est grand avec peu ou pas d’ameublement fixe. Ceci permettrait de changer, déplacer, reconfigurer l’endroit à n’importe quel moment dans le futur. C’est un gros avantage. Le mobilier (surtout les divans) m’a semblé usé après quatre ans, mais l’équipement informatique et électronique semblaient toujours en place et fonctionnel.

Selon plusieurs designers aujourd’hui, les concepts des espaces pour les ados définissent les orientations des bibliothèques à venir pour tous les publics. Et, à l’instar de mon collègue Patrick Lozeau, je crois que le YOUmedia s’avère une des illustrations les plus intéressantes d’une intention aboutie visant à intégrer les nouveaux usages associés à la culture numérique et la participation culturelle dans l’espace physique de la bibliothèque. La YOUMedia représente aujourd’hui ui un projet structurant, une référence de base, un modèle à partir duquel on se réfère pour identifier des nouvelles pistes, que ce soit en termes de démarche ou de design social, dans le but d’aller encore plus loin.

Pour aller plus loin :

Cet article est déjà paru sur Bibliomancienne et sur Voir.

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mai - 2013 31

anacostia neighborhood library at night

  1. 2013 AIA/ALA Library Building Awards Announced. Le prix organisé conjointement par l’American Institute of Architects () et l’American Library Association ()  vient d’honorer 6 projets de bibliothèques aux États-Unis qui se sont distingués par leur excellence en architecture et en aménagement.
  2. Nouvelle génération d’Idea Stores. Le nouvel Idea Store Watney Market a finalement ouvert ses portes dans l’Est de Londres, le 14 mai dernier. Premier de la nouvelle génération d’Idea Stores, il s’agit d’un guichet unique offrant une gamme de services notamment dans le domaine de la santé et de l’emploi.
  3. Centre culturel de Notre-Dame-de-Grâce : c’est parti ! Le contrat de construction du nouveau centre culturel de Notre-Dame-de-Grâce, qui accueillera la nouvelle Bibliothèque Benny, a été accordé au groupe Geyser inc. Les travaux de construction débuteront d’ici quelques semaines pour se terminer à la fin de l’année 2014.
  4. Bibliothèque Marc-Favreau : culture en Sol majeur. La bibliothèque Marc-Favreau, qui ouvrira ses portes l’automne prochain, sera bien ancrée dans le XXIe siècle. Nouvelles technologies, luminosité et développement durable seront au cœur de la conception de cette bibliothèque résolument moderne.
  5. New York Library / TEN Arquitectos.Située au cœur de Manhattan et voisine du Museum of Modern Art, la future succursale de la New York Public Library sera ouverte et lumineuse malgré le fait qu’elle soit en grande partie souterraine (2 étages sur 3). Elle intégrera les livres à l’art et à la technologie.
  6. Ying yang public library by evgeny markachev + julia kozlova. S’inspirant de la philosophie du ying et du yang, cette bibliothèque sud-coréenne impressionne par sa forme architecturale dynamique, visuellement en mouvement perpétuel, qui met en interaction deux types d’espaces opposés mais complémentaires : un pour l’éducation, l’autre pour la communication.

Pour aller plus loin :

Photo : Anacostia Library (2013 AIA/ALA Library Building Awards) . Source : Flickr, par Garber DC , licence : CC BY-ND 2.0

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mai - 2013 16

public library, frankfurt city

  1. Central Municipal Library / KSP Jürgen Engel Architekten. La Bibliothèque centrale de Francfort en Allemagne a été inaugurée en 2007. Il s’agit à l’origine d’un édifice à bureaux datant des années 50. La bibliothèque, d’une superficie de 12 000 m2, se distingue par ses couleurs vives au plafond et sa tour de lecture courbée de couleur rouge. La bibliothèque offre 200 espaces modernes de travail et de lecture.
  2. La Bibliothèque du Boisé ouvre ses portes : une visite guidée exclusive. « Ils sont plus de 160 amoureux d’architecture à avoir profité, la fin de semaine dernière, de la 6e édition des Portes ouvertes Design Montréal pour découvrir en primeur la nouvelle Bibliothèque du Boisé. Pas totalement prête pour son ouverture officielle, la bibliothèque fait pourtant déjà parler d’elle. »
  3. A Brief History of Book Vending Machines. L’histoire des distributeurs automatiques de livres, de la première apparition en 1822, en passant par le « Book-O-Mat », jusqu’au modèle plus « sophistiqué » offert notamment par certaines bibliothèques publiques américaines à leurs usagers.
  4. La meZZanine : Création d’un espace pour les 11-14 ans à la bibliothèque des Champs libres. «Sept ans après son ouverture, la bibliothèque de Rennes Métropole au sein des Champs Libres crée un nouvel espace: La MeZZanine – espace ados pour les 11-14 ans. Pourquoi, avec quels services et quelles collections ? Cet article décrit de manière pragmatique la réflexion menée et les choix retenus. »
  5. City Library in Seinäjoki / JKMM Architects. La nouvelle bibliothèque de Seinajoki en Finlande, a été conçue comme un espace public versatile, flexible et évolutif. Un lieu d’expérience et d’interaction avec l’information qui encourage l’usager à être plus actif.
  6. La Médiathèque du Marsan : visite guidée. «Les architectes d’archi5 associés à Borja Huidobro ont imaginé un lieu de découverte, de rencontre et d’échange conçu comme un bâtiment visible et identifiable, sans pour autant devenir «intimidant ».
  7. Tech Tool Bar’ At Cupertino Library . Le projet Tech Tool Bar à la Cupertino Library permet aux usagers de la bibliothèque d’essayer  différents modèles de tablettes électroniques disponibles sur le marché tout en explorant les ressources numériques offertes par la bibliothèque.

Pour aller plus loin :

Photo : public library, frankfurt city, source : Flickr, par D Petzold Photography, licence : CC BY-NC-SA 2.0

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avr - 2013 30

Bishan Library, Singapore

  1. Les travaux de construction de la bibliothèque de Varennes sont lancés. D’une superficie de 2000 m2, La future bibliothèque municipale écoénergétique (Net Zéro) de Varennes, sera dotée de bornes d’auto-prêt et prévoit ouvrir ses portes au public au printemps 2014.
  2. Agrandissement de la bibliothèque Reginald-J.-P.-Dawson. Les travaux d’agrandissement et de rénovation de la bibliothèque Reginald-J.-P.-Dawson (Ville Mont-Royal) sont terminés et la bibliothèque est maintenant ouverte au public. Détails et photos du projet.
  3. Les rénovations donnent fière allure à la bibliothèque Charleroi, première bibliothèque de Montréal-Nord. La cure de rajeunissement offerte à la plus ancienne bibliothèque de Montréal-Nord a doté celle-ci d’une façade moderne et accueillante, de grandes fenêtres, d’une petite place publique à l’avant et d’un accès universel pour les personnes à mobilité réduite.
  4. 20 mesmerising modern libraries from around the world. Sélection des 20 plus modernes bibliothèques à travers le monde, dont la célèbre Vennesla Library and Culture House en Norvège et Surry Hills Library and Community Centre en Australie.
  5. The Most Playful Libraries in the World. Sélection avec photos des bibliothèques les plus ludiques à travers le monde dont la Bibliothèque de Seattle et Hjorring Library au Danemark.

Pour aller plus loin :

Photo : Bishan Public Library, Singapore. Source : Flickr, licence : CC BY-NC-SA 2.0

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avr - 2013 11

du boise

  1. Bibliothèque du Boisé : en route vers la certification LEED Or. L’arrondissement de Saint-Laurent poursuit son processus vers l’obtention de l’accréditation LEED Or pour la future Bibliothèque du Boisé qui ouvrira ses portes en juillet 2013.
  2. Portes Ouvertes Design Montréal : 4 et 5 mai 2013 – Incursion chez les designers et les architectes montréalais. Montréal, Ville UNESCO de design, ouvre ses portes au grand public pour découvrir les talents de ses architectes et designers d’intérieur, à travers différents projets, récemment construits ou aménagés tels que la Bibliothèque du Boisé dans l’arrondissement de Saint-Laurent, le nouveau Planétarium, le Musée des beaux-arts de Montréal, etc.
  3. Des bibliothèques à la page. « Architectures de la connaissance », le nouveau livre de Jacques Plante, professeur à l’École d’architecture de l’Université Laval, nous propose de découvrir les lieux de la connaissance et du savoir au Québec, notamment à travers différents projets inspirants de bibliothèques.
  4. Hunt Library : Photos and Video Gallery. Galerie photo de la nouvelle bibliothèque universitaire récemment construite en Caroline du Nord , offrant des espaces novateurs: Game Lab, Makerspace, Immersion Theater, etc. et où la technologie est omniprésente.
  5. Au cœur d’une médiathèque, un patio à ciel ouvert. « Un projet, une particularité. À Mont de Marsan dans les Landes, une médiathèque moderne et audacieuse a été inaugurée au mois de décembre dernier. Imaginé par le collectif Archi5, ce bâtiment se distingue par sa géométrie simple mais surtout par une petite curiosité située en son centre : un patio à ciel ouvert aménagé comme une petite cour privative ».
  6. La notion de marque (Branding) en bibliothèque: mémoire d’étude. « La notion de marque est de plus en plus évoquée par des bibliothèques anglo-saxonnes et d’Europe du Nord, mais également par quelques bibliothèques françaises . Il apparaît donc nécessaire de déterminer quelles sont les perceptions et les pratiques de la marque en bibliothèque. Pour quelles raisons des marques sont-elles mises en place en bibliothèque, et avec quels moyens d’action et dévaluation ? « 
  7. Une bibliothèque numérique dans une station de métro. Dans l’État de Philadelphie, Le service des transports, la Free Library de Philadelphie, et la Suburban Station ont mis en place une bibliothèque numérique à base de codes QR pour favoriser la lecture hors les murs.
  8. USA | Bibliothèques d’avenir : ni OMA ni MVRDV mais Adjaye et Helen & Hard. « À l’heure où les bibliothèques dites de ‘troisième lieu’ se multiplient, Sarah Williams Goldhagen, critique architecturale du bimensuel américain The New Republic, conseille de regarder non pas du côté des plus monumentales, telle la bibliothèque de Seattle d’OMA, mais plutôt du côté des modestes projets de quartiers. »

Pour aller plus loin :

Photo : Future Bibliothèque Du Boisé. Source : Ville de Montréal

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avr - 2013 03

Sans titre

  1. Approches de l’accueil en bibliothèques municipales (mémoire d’étude) : techniques, postures, évaluation. « L’accueil en bibliothèques municipales est l’activité la plus visible pour le public et la plus partagée par l’équipe, et c’est pourtant la moins interrogée. Que fait-on lorsque l’on est en situation d’accueil, selon quelles modalités, et peut-on l’évaluer ? Les conditions matérielles et les techniques mises en œuvre pour être disponible à l’égard des usagers sont ici analysées dans la perspective d’une approche globale de l’accueil. ».
  2. Une bibliothèque de location d’appareils mobiles verra le jour à Montréal. Une première au Québec, le CRIM  (Centre de recherche informatique de Montréal) se dote d’une bibliothèque d’appareils mobiles, qui offrira aux développeurs un accès à une grande variété d’appareils (téléphones intelligents, tablettes, etc.) à des fins de test.
  3. Et si les bibliothèques municipales devenaient des incubateurs de petites entreprises? « Les bibliothèques regroupent à peu près tout ce dont un innovateur du 21e siècle peut avoir besoin: un accès à internet, un espace de travail, des documents de référence et une aide professionnelle ».
  4. Libraries Open Doors, Data to Digital Art Displays. À la Teton County Library, une œuvre d’art numérique représentant différents sujets selon la Classification Dewey permet de visualiser les recherches dans le catalogue de la bibliothèque et suivre les sujets les plus demandés en temps réel.
  5. Un projet de terrains littéraires à Cleveland. «Un groupe de spécialistes en urbanisme a décidé de valoriser plusieurs terrains vagues de la ville de Cleveland aux États-Unis autour du thème du livre. La réalisation est prévue pour cet été et devrait durer quelques semaines.»
  6. Mobilier de bibliothèques 2012/14. Élaboré par un spécialiste européen en aménagement de bibliothèques, ce document constitue une source d’inspiration qui regroupe des informations et des données techniques sur les comptoirs d’accueil, les meubles OPAC, le mobilier, les présentoirs, etc.

Pour aller plus loin :

Photo : Bibliothèque Lelystad aux Pays-Bas, source : Flickr, licence : CC BY-NC-SA 2.0

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mar - 2013 11

Library of Birmingham - Open Air Amphitheatre

Les projets de nouvelles bibliothèques se multiplient un peu partout à travers le monde, malgré certaines prédictions pessimistes voulant que les bibliothèques disparaissent avec l’arrivée du livre numérique et la dématérialisation des supports et de l’information.

Ces projets sont de plus en plus ambitieux, parfois intégrés dans de vastes projets « mutualisés » de centres culturels ou de loisirs. Ils sont orientés vers le futur, non seulement en termes de technologies, de services et d’aménagement des espaces mais aussi en termes de méthodes et d’approches adoptées : ils font appel au design participatif, au design intégré et respectent les principes du développement durable. Ils sont souvent menés par des pionniers de l’architecture et des cabinets de renom : Rem Koolhaas (OMA), Norman Foster, Zaha Hadid, Santiago Calatrava, Schmidt hammer lassen,… et font l’objet de concours internationaux d’architecture.

Ces projets se démarquent par leur esprit novateur, leur ambition et leur vision de la bibliothèque du 21e siècle. Ils incarnent un symbole fort de rayonnement de la culture dans la ville et s’intègrent parfaitement dans les politiques locales d’aménagement culturel du territoire.

Les projets s’inscrivent dans le contexte de mutation des bibliothèques en tant qu’institution culturelle dans une société du savoir et de l’information marquée par la dématérialisation du livre et de l’information.

Ils marquent l’évolution de la bibliothèque en tant que place pour les livres vers un espace pour les citoyens, d’un lieu de transactions à un lieu de relations, d’un lieu de rencontre avec les livres à un lieu de rencontre avec des personnes, d’un lieu de stockage à un lieu de création. L’usager n’est plus seulement consommateur mais aussi créateur.

Chacun de ces projets propose,  à sa manière, une redéfinition des rôles de la bibliothèque du 21e siècle. La bibliothèque, ce bâtiment imposant qui inspire le respect, parfois intimidant, réputé élitiste, un peu « snob » pour certains, devient un lieu accessible, citoyen, ouvert à tous, démocratique, inclusif mais aussi tourné vers le futur, proposant ainsi une image renouvelée de la bibliothèque.

Les bibliothèques ont souvent été construites selon la perception qu’ont les porteurs de projets : bibliothécaires, architectes, élus et gestionnaires. Il est temps de construire des bibliothèques qui reflètent les attentes du public et d’opter pour une approche du design centrée sur l’usager.

1. Aarhus Urban Mediaspace (Aarhus, Danemark)

Un modèle de démocratie participative

Résultat de plusieurs années d’expérimentation de nouveaux concepts, développés autour de l’approche orientée usager, Urban Mediaspace est l’un des plus importants projets de bibliothèque en cours actuellement au Danemark et en Scandinavie.

Situé au bord de l’eau (Baie d’Aarhus), le projet se veut un lieu de convergence entre la ville et l’eau, entre le centre-ville et la baie.

Il s’agit d’une nouvelle bibliothèque centrale pour la Ville d’Aarhus (300 000 habitants). Elle sera bâtie comme un lieu de vie au cœur de la cité, axé sur les citoyens plutôt que sur les livres.

“Mediaspace will be a ‘melting pot’ for knowledge, growth and development. Centred on the users, Mediaspace should be the city’s heart for knowledge and culture – a unique place for cooperation.”

Le Mediaspace se veut un lieu d’Edutainment (education+entertainment), une place pour le savoir, le dialogue et l’inspiration, un lieu qui contribue à promouvoir la démocratie et la communauté, un environnement d’apprentissage et d’expérience ouvert et accessible, un espace urbain propice aux activités culturelles, à la détente, à la tranquillité et aux jeux. Une place unique pour les enfants et les familles.

Le projet est principalement basé sur la participation et l’implication des citoyens. Il fait appel à l’approche de co-création, à l’innovation avec et par l’usager. Les usagers sont impliqués dans toutes les étapes du processus de design, depuis la réflexion jusqu’à la réalisation.

Le Danemark est pionnier dans ce domaine puisque le MindLab, un laboratoire fondé par des ministères danois pour penser l’innovation dans les services publics via l’implication des citoyens, a vu le jour au début des années 2000 dans le domaine des politiques publiques.

Le projet Urban Mediaspace priorise également le réseautage, la coopération et le partenariat, implique les institutions et les entreprises locales et s’assure de leur contribution au partage du savoir.

Le Mediaspace abritera plusieurs types de laboratoires d’expérimentation et de création : Transformation lab, Literature lab, News lab, Music lab, Fiction lab, etc.

Avec son  architecture visionnaire et durable, le Mediaspace se veut une icône durable pour la ville d’Aarhus, une image de marque renouvelée pour une bibliothèque du 21e siècle hybride et moderne.

  • Date d’ouverture : juin 2013
  • Superficie : 30 000  m2
  • Coût du projet : 255 millions d’euro
  • Architectes : Schmidt hammer lassen

2. Helsinki central library (Helsinki, Finlande)

Il s’agit de la future bibliothèque centrale de la ville d’Helsinki (600 000 habitants), nommée capitale mondiale du Design en 2012.

Située dans un site prestigieux, près de la baie de Töölö, la future bibliothèque sera conçue comme un lieu d’apprentissage, de travail, d’étude et de loisirs. Un hub pour le savoir. Elle a la particularité d’être conçue pour, par et avec les citoyens.

La future bibliothèque se veut un espace urbain où les citoyens s’expriment, interagissent, participent et créent ensemble.

Elle est conçue autour de la participation citoyenne, l’apprentissage, la formation et le Crowdsourcing.

Les usagers sont vus comme des partenaires, des créateurs actifs de la culture et non pas seulement des consommateurs. La bibliothèque est une place de création et d’innovation pour l’individu et pour la société.

Cette bibliothèque se veut hybride combinant l’espace physique et la bibliothèque virtuelle. Une maison de la littérature et du savoir axée sur les usagers, une bibliothèque vivante « Living library ». La technologie y sera omniprésente et ambiante.

« The Central Library will be a combination of personal cultivation, culture and entertainment. It will be a vibrant and functionally versatile meeting place, a house of literature in which the users are the focus. The new Central Library will be much more than a traditional library. It will be a dynamic entity comprised of the physical spaces, technology, library collections, staff, cooperation partners and clients.”

La future bibliothèque s’attend à recevoir 1.5 millions de visiteurs par année. Elle sera accessible 24h par jour, 7 jours sur 7.

La bibliothèque a fait l’objet d’un concours d’architecture international. Le gagnant du concours sera dévoilé en juin 2013.

La Finlande qui se définit comme « la terre des bibliothèques » (a Land of libraries) est aussi connue par l’excellence de son système d’éducation. Les bibliothèques y jouent un rôle important dans la formation, l’information et la culture et sont considérées comme des institutions culturelles et éducatives (rattachées au Ministère finlandais de l’éducation et de la culture).

  • Date d’ouverture : 2017
  • Superficie: 10 000 m2
  • Coût du projet : 69.9 millions d’euro

3. BMVR, Caen La mer (Caen, France)

La future Bibliothèque Multimédia à Vocation Régionale (BMVR) de Caen la mer est le résultat d’une réflexion collective menée par des professionnels et des élus sur la place de la lecture publique dans l’agglomération de Caen.

Le projet s’est fixé comme ambition d’inventer un nouveau type de bibliothèque ancrée dans la société de l’information.

La future bibliothèque se veut un lieu de partage et d’échange autour du savoir et de l’information. Elle regroupera 4 pôles : les arts, les sciences humaines, la littérature et les sciences et techniques

Située sur la pointe de la presqu’Île de Caen, face au bassin Saint-Pierre, Le bâtiment  offrira plusieurs services sur cinq niveaux : une bibliothèque de 810 places assises, un auditorium de 150 places, un espace  d’exposition et un café-restaurant.

« La programmation architecturale a été guidée vers un équipement hybride, tout autant physique que virtuel, avec une parfaite imbrication de ces deux mondes en jouant sur la superposition d’une carte mentale de la connaissance sur la carte spatiale de la bibliothèque ».

« La future Bibliothèque Multimédia à Vocation Régionale de Caen la mer sera :

  • conviviale : car invitante et appropriable par chacun, dans une diversité d’usages et d’attentes. Elle est voulue comme une sorte de living-room urbain ;
  • sémantique : car elle propose une mise en espace heuristique de la connaissance, comme une réponse concrète à la virtualisation progressive de l’information ;
  • mouvante : car elle favorise les flux de personnes et les corrélations entre les idées ;
  • efficiente : car elle intègre au service public la valeur ajoutée des professionnels et des outils de l’information ;
  • évolutive : car elle est d’origine pensée comme vivante, donc apte à anticiper et accompagner toutes les mutations des usages, notamment l’apparition de nouvelles attentes des publics ou l’émergence de nouveaux media, pour tisser et maintenir le lien avec le savoir et l’information. » Source : avant-projet définitif

4.    Halifax Central library (Halifax, Canada)

Une place pour chacun

La future bibliothèque centrale se veut un centre vital au cœur de la cité, pour l’apprentissage, la formation tout au long de la vie et la culture. Elle est le résultat d’un processus majeur de consultation publique avec les citoyens.

“The future Library will blend the best of traditional library services with new and innovative spaces, making it a vital centre for learning and culture in the heart of the community ».

Le processus de consultation publique a été mené afin d’impliquer les citoyens et recueillir leurs avis et suggestions pour la conception de la nouvelle bibliothèque centrale. Plusieurs rencontres ont eu lieu dans le cadre de ce processus avec des citoyens et des groupes d’intérêt.

Les consultations publiques ont permis de dégager trois thèmes majeurs de développement pour la nouvelle bibliothèque : La bibliothèque comme centre communautaire pour la culture, comme centre communautaire pour l’apprentissage et comme centre communautaire pour le partenariat.

Les espaces et les services de la nouvelle bibliothèque centrale d’Halifax refléteront donc les souhaits et la vision des résidents de la ville.

Une bibliothèque orientée vers le futur, moderne et technologique, construite autour des principes du développement durable et de l’accessibilité universelle, visant la certification LEED or. Un espace flexible qui évolue à travers le temps, capable de s’adapter à l’évolution technologique. La bibliothèque se veut une icône pour la ville d’Halifax.

À noter que les bibliothèques publiques d’Halifax ont collaboré dans l’élaboration du programme canadien « Working together », une approche de collaboration avec la communauté, un « laboratoire vivant » (Living Lab) pour développer des bibliothèques publiques inclusives qui servent les besoins de leurs membres principalement les personnes socialement exclues.

  • Date d’ouverture :2014
  • Superficie : 10 034 m²
  • Architectes : Fowler Bauld & Mitchell (FBM) en partenariat avec Schmidt hammer lassen architects
  • Coût du projet : 55 millions $

5. Library of Birmingham (Birmingham, Royaume-uni)

Il s’agit de la future bibliothèque centrale de la ville de Birmingham, deuxième ville du Royaume-Uni avec une population qui dépasse le 1 million.

Un projet ambitieux qui va à l’encontre du climat d’austérité qui règne actuellement en Angleterre, un contexte marqué par des coupures budgétaires et des fermetures de bibliothèques.

Le projet est l’un des plus grands projets culturels entrepris au Royaume-uni durant la dernière décennie.

Rewriting the Book

“Rewriting the Book means redefining the purpose of libraries in the 21st century, by creating a world-class library that is highly responsive to need in a rapidly changing world. It means transforming the way libraries will work in the future, transforming Birmingham and transforming people’s lives.”

Décrit par ses architectes comme le palais du peuple « People’s palace », le projet se veut un centre d’excellence pour la littératie, la formation, la recherche, l’étude et le développement des compétences.

Avec une superficie de 31 000 m2, la bibliothèque se veut une destination culturelle majeure et hautement accessible. Elle vise à transformer la ville et la vie des gens en étant une place pour la découverte, l’acquisition du savoir et l’expérience de lecture.

Cette bibliothèque s’est fixée comme ambition de transformer l’image des bibliothèques, de transformer la ville et la vie quotidienne des résidents.

En plus des services traditionnels, la bibliothèque sera axée sur le numérique et l’insertion sociale et offrira également l’accès aux collections d’archives, de photographies et aux livres rares.

Le bâtiment, fait d’acier et de verre, abritera un studio de théâtre, un studio d’enregistrement, un amphithéâtre extérieur, une galerie d’art, une terrasse intérieure et une autre extérieure.

Elle s’attend à recevoir 3 millions de visiteurs par année.

26 visages représentant chacun une lettre de l’alphabet feront partie de la façade extérieure de la bibliothèque. Ils reflèteront la diversité des rôles que les bibliothèques peuvent jouer dans la vie des personnes issus d’horizons différents et à différents stades de leur vie.

  • Date d’ouverture : septembre 2013
  • Superficie : 31,000 mètres²
  • Architectes : Mecanoo architecten
  • Coût du projet : 188.8 millions de livres sterling

D’autres projets en cours aussi importants méritent d’être cités : rénovation de la New York Public Library, construction de la New Deichman Library à Oslo en Norvège. En France, les projets de bibliothèque troisième lieu à Angoulême et à Thionville. À Londres, le nouvel Idea Store Watney Market qui va ouvrir ses portes cette année.

Tous ces projets se sont fixés comme ambition de proposer à leurs citoyens un nouveau modèle de bibliothèque, à la fine pointe de la technologie, tourné vers le futur.

Bien qu’ils soient implantés dans des villes avec des réalités et des caractéristiques politiques, économiques, sociales et culturelles très différentes, ces projets ont tous en commun le recours à des approches novatrices, une vision moderne et une conscience marquée du rôle de la bibliothèque du 21e siècle dans une société du savoir et de l’information centrée sur l’usager, le citoyen.

Ces modèles rompent avec le modèle traditionnel et classique de la bibliothèque telle qu’elle a été construite jusqu’à tout récemment et nous propose une image renouvelée de la bibliothèque, une hybridation entre le physique et le virtuel, marquant ainsi le passage vers une nouvelle ère.

“Traditional libraries reach traditional users, non traditional libraries reach every one”.


Photo : Library of Birmingham, source : Flickr, licence : CC BY-NC-ND 2.0

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fév - 2013 22

Newcastle City Library - Returns

  1. L’impact de l’automatisation des prêts et des retours sur l’organisation du travail et sur les services dans les bibliothèques (mémoire d’étude, janvier 2013). « L’automatisation des prêts-retours est susceptible d’entraîner des conséquences sur l’organisation du travail, de même que sur le développement, la création ou la requalification de services dans les bibliothèques. Ce travail s’efforce d’analyser les résultats de ces processus, et de repérer les choix stratégiques effectués par les établissements. « 
  2. Construire la médiathèque… avec les habitants. Dans le cadre d’un laboratoire d’innovation public, les habitants de Lezoux en France, ont participé avec des designers, à imaginer leur future médiathèque. Résultat : une proposition intéressante de configuration de l’espace et un plan d’usage pour la future médiathèque intercommunale de Lezoux.
  3. Lodi Library to offer laptops for members to take home. Aux États-Unis, des bibliothèques publiques ont commencé à offrir, à leurs usagers, le service de prêt à domicile d’ordinateurs portables. L’exemple de Lodi Public Library fait partie d’un projet pilote pour distribuer 1000 ordinateurs à travers l’État de la Californie. Le service vise principalement les personnes qui n’ont pas d’ordinateurs à la maison.
  4. Meadows Community Recreation Centre & Edmonton Public Library. Un nouveau centre de loisirs et bibliothèque ouvrira ses portes à Edmonton, en Alberta, en 2014. Il comprendra un centre aquatique, un gymnase, un centre de conditionnement physique, un aréna et une bibliothèque.
  5. Coworking at the Public Library. Le concept de Coworking, son intégration et ses avantages pour les bibliothèques publiques.

Photo : chutes intelligentes – Newcastle City Library, par ricaird, source : Flickr, licence : cc by-nc 2.0

Pour aller plus loin :

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fév - 2013 08

Dibrary: Digital Monument

  1. Vers des espaces consacrés au partage des connaissances en bibliothèque. Tiers-lieux, coworkings, fablabs et  barcamps,  sont autant d’initiatives à développer en bibliothèque pour favoriser la collaboration, l’échange et la participation. L’exemple de l’espace 3C de L’École de Technologie Supérieure (ÉTS) de Montréal.
  2. 10 Steps to a Better Library Interior: Tips That Don’t Have To Cost a Lot | Library by Design. Une spécialiste du design d’intérieur de bibliothèque propose en 10 étapes simples et peu coûteuses, ses conseils pour mettre en valeur l’intérieur de votre bibliothèque.
  3. Centre Culturel et bibliothèque en Suède. « Schmidt Hammer Lassen architects vient de remporter le concours du nouveau centre culturel et sa bibliothèque à Karlshamn en Suède. Un projet qui met l’accent sur la dimension humaine, la lumière nordique et l’utilisation de matériaux robustes ».
  4. GUELPH MAIN LIBRARY : Building program and functional plan. Exemple de programme fonctionnel et technique élaboré pour la nouvelle bibliothèque Guelph Main Library en Ontario.
  5. St. Louis Public Library removes its dust jacket for an inspired renewal. La Bibliothèque publique de St-Louis au Missouri a subi une rénovation importante et une restauration de son bâtiment historique, au coût de 70 millions de dollars. Le résultat est un mélange très réussi  entre le moderne et l’ancien.
  6. Repenser les lieux culturels : l’exemple du Manga-Café de Paris. « Le manga-café de Paris est un lieu assez fascinant parce qu’il montre une réponse concrète à des problématiques qui intéressent à la fois les libraires et les bibliothécaires. »

Pour aller plus loin :

Photo : Dibrary, Digital Monument, par Mosman Library, Source : Flickr, licence: cc by 2.0

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