juin - 2017 13

Spéciale rumeurs et fausses nouvelles!

Trouvé ici.

Trouvé ici.

On en a beaucoup parlé l’automne et le printemps dernier. Nous suivions des élections présidentielles rocambolesques chez nos voisins du Sud et ceux de l’autre côté de l’Atlantique. La lutte politique se jouait aussi en ligne et les fausses informations ne manquaient pas, d’un côté comme de l’autre.

Avec la masse d’informations créées et diffusées chaque minute sur Internet, il n’est que trop facile d’en glisser de fausses, mensongères ou manipulatrices dans le lot.

Quand on sait que Facebook est le réseau social numéro un des Québécois pour accéder à l’information (source : Cefrio), réseau social sur lequel aussi bien Radio-Canada que nos voisins font des publications, il devient primordial de savoir repérer les fausses informations.

Nous avons donc regroupé pour vous outiller quelques articles (fiables!) récents, publiés par des médias et acteurs du numérique connus et reconnus.

Il existe d’autres outils pour repérer et déjouer les fausses nouvelles et la désinformation (comme hoaxbuster). En connaître un, vous amènera certainement à en découvrir d’autres. Ils peuvent servir de base à des ateliers ou activités en bibliothèques, pour tous types de publics. À vous de les informer sur la désinformation!

mai - 2017 04

Voici l’histoire d’un petit fab lab, petit par la taille, mais grand par sa place dans l’histoire des fab labs en bibliothèque au Québec. En effet, Benny Fab est le premier fab lab à avoir vu le jour dans une bibliothèque publique de la province.

Sur la porte du fab lab. Le ton est donné!

Sur la porte du fab lab. Le ton est donné!

On pourrait presque raconter que Benny Fab est un accident, mais c’est plutôt une heureuse surprise.

Dans le projet de la nouvelle bibliothèque Benny, commencé en 2008, il n’était pas vraiment question de fab lab. Le mot n’avait même pas encore atteint le milieu professionnel à Montréal. À quelques mois de l’ouverture, en 2015, il est pourtant apparu inconcevable que la nouvelle bibliothèque n’offre pas un espace de création numérique à ses usagers.

Un emplacement est trouvé et le petit fab lab s’installe doucement dans cet espace d’une dizaine de mètres carrés. Les débuts sont un peu hésitants, mais aujourd’hui une équipe de deux personnes lui est dédiée, un bibliothécaire, Marc Lemaire, et un animateur spécialisé, Thomas Poulin. À eux deux, ils s’occupent du matériel, des activités, d’accueillir les usagers du fab lab pour leurs projets personnels, ou simplement pour répondre aux questions des curieux. Deux autres employés les aident ponctuellement, Yuan Gao, animatrice spécialisée et Laurence Sabourin aide-bibliothécaire.

On retrouve dans ce mini fab lab trois imprimantes 3D, une découpe vinyle, plusieurs ordinateurs, des LEGO WeDo et Mindstorm (robotique), des Arduino, Littlebits, Makey makey, des appareils photo reflex Canon, un coffre à outils avec tout le matériel du parfait petit bricoleur. Et bien évidemment, la Charte des fab labs.

Quatre clubs ont été créés : électronique, robotique, jeux vidéo, modélisation et impression 3D. Ils se réunissent une fois par mois et compte chacun une douzaine de jeunes. Le lieu ne pouvant de toute évidence pas accueillir un plus grand nombre de participants, Benny Fab déborde de ses murs et investit la salle de formation et l’espace ado voisin.

Benny Fab a été lancé sans une grande planification et avec un budget restreint. Et c’est pourtant un immense succès. Il a très vite été envahi par les usagers.

On y croise monsieur Thibault, 71 ans, qui vient toutes les semaines. Il a découvert le fab lab en passant devant lorsqu’il se promenait dans la bibliothèque. Il fabrique un simulateur de vol et certaines pièces sont introuvables dans le commerce. Il s’est mis à la modélisation 3D pour les créer et les imprime à Benny Fab.

Kyan, Geneviève Lamarche, tous deux utilisateurs de Benny Fab, et Marc Lemaire, bibliothécaire-coordonnateur du fab lab.

Kyan, Geneviève Lamarche, tous deux utilisateurs de Benny Fab, et Marc Lemaire, bibliothécaire-coordonnateur du fab lab.

Geneviève, elle aussi vient depuis la première journée. C’est son fils, Kyan, 6 ans, qui voulait entrer dans le fab lab. Il joue aux LEGO WeDo ou Mindstorm. Elle, elle a découvert un monde et créé le lien avec ses études. « J’ai besoin d’une place comme ça pour mon travail à l’école ». Elle étudie en restauration au Collège LaSalle et s’intéresse à la nourriture pour les enfants, mise en forme style super héros. « Des emporte-pièce en forme d’éclair ou de chauve-souris de Batman, ça n’existe pas! Alors je les imprime ».

Geneviève veut appliquer la technologie à l’alimentation. Elle veut créer un fab food lab pour les enfants : Super Hero Food for Kids!

Elle a d’ailleurs été lauréate des Grands prix de la relève en restauration, tourisme et hôtellerie de l’AQFORTH (Association québécoise de la formation en restauration, tourisme et hôtellerie) et a participé au rendez-vous Maker to Entrepreneurs, une communauté dont les membres se rencontrent régulièrement pour partager leurs projets.

Benny Fab, c’est « open collaboration ! », dit Geneviève.

Un projet a aussi émergé avec la rencontre d’une personne malvoyante. Originaire du Japon, celle-ci possède une canne japonaise avec un embout particulier pour l’aider dans ses déplacements. Cet embout n’existe pas sur la canne qui lui est fournie par le gouvernement du Québec. C’est donc une équipe issue de Benny Fab qui travaillera sur ce petit bout de plastique si important qu’il sera « comme une nouvelle paire d’yeux » pour cette personne.

Benny Fab dans la salle de formation de la bibliothèque.

Benny Fab dans la salle de formation de la bibliothèque.

En marge de ces passionnés et de leur projet au long cours, on croise des ribambelles de jeunes garçons, dont l’âge tourne autour de 10 ans. Ils entrent dans le fab lab comme dans leur chambre, empruntent un ordinateur, un iPad, des LEGO Mindstorm. On les suit dans la salle de formation où ils modélisent dans le bruit, le partage et la bonne humeur, les idées qu’ils ont en tête. Lorsque la modélisation est trop complexe pour être imprimée, Thomas leur propose de la transférer dans Unity, un outil de création de jeu vidéo. Ne reste plus qu’à promener un personnage dans cet univers unique et créé en quelques instants.

Benny Fab c’est tout ça. Des machines bien évidemment, mais qui ne sont que la pointe émergée d’un iceberg de relations humaines.

Pour suivre leurs créations, le compte Thingiverse de Benny Fab : http://www.thingiverse.com/Fab_Lab_Benny/about

Pour les joindre : fablabbenny@gmail.com

Modélisation 3D sur Tinkercad, mangas et BD : un fab lab en bibliothèque!

Modélisation 3D sur Tinkercad, mangas et BD : un fab lab en bibliothèque!

Images : Gaëlle Bergougnoux, licence : CC BY-NC-SA 2.5 CA

Mot(s)-clé(s) associé(s) à cet article :
mar - 2017 26

 9346918168_9470889812_z

 aurelie ghalim via Flickr (CC BY-SA 2.0)

Chaque semaine, des professionnel.le.s des bibliothèques de Montréal se réunissent de façon informelle avec leurs collègues pour échanger puis partager leurs trouvailles et leurs découvertes inspirantes. Tous les sujets touchant de près ou de loin les bibliothèques, les bibliothécaires et la culture sont abordés. Nous allons publier les résultats de cette veille collaborative chaque semaine pour en faire profiter un public plus large. Bienvenue à tou.te.s !
N’hésitez pas non plus à partager vos propres découvertes avec nous et vos collègues. Bonne lecture !
  • Vie privée et bibliothèques : enjeux et bonnes pratiques.  La question de la protection de la vie privée se pose de plus en plus avec la multiplication des outils numériques et en ligne.   Les questions et les bonnes pratiques de base demeurent les mêmes malgré que les contextes législatifs diffèrent.
  •  Des bibliothèques sans personnel ?  Un projet pilote des bibliothèques de Toronto pour remédier aux courtes heures d’ouverture de deux succursales soulève des questions.   Ce modèle de bibliothèque accessible par les usagers existe ailleurs, notamment en Scandinavie.
  • Envie de planifier un makerspace ? Quelques conseils destinés à ceux qui voudraient se lancer dans ce projet dans une milieu scolaire (mais facilement adaptable pour les bibliothèques).   Une fois l’espace planifié, vous pourrez lire la suite pour la mise en oeuvre.
  • Publics empêchés : Lever les obstacles. Un dossier complet sur les obstacles qui entravent l’accès des publics à la bibliothèque et l’exploration des pistes pour favoriser l’inclusion auprès des seniors, jeunes, personnes handicapées ou analphabètes, etc.

 

Mot(s)-clé(s) associé(s) à cet article :
mar - 2017 10

Chaque semaine, des professionnel.le.s des bibliothèques de Montréal se réunissent de façon informelle avec leurs collègues pour échanger puis partager leurs trouvailles et leurs découvertes inspirantes. Tous les sujets touchant de près ou de loin les bibliothèques, les bibliothécaires et la culture sont abordés. Nous allons publier les résultats de cette veille collaborative chaque semaine pour en faire profiter un public plus large. Bienvenue à tou.te.s !

N’hésitez pas non plus à partager vos propres découvertes avec nous et vos collègues.  Bonne lecture ! 
  • Développer des services innovants en bibliothèque : Une réflexion globale d’ Anne-Gaëlle Gaudion sur la transformation des services  et comment la bibliothèque peut faire face aux changements technologique et sociaux qui pourraient la rendre obsolète .  La maintien de la pertinence des bibliothèque passe notamment par une transformation en un espace social et de création et par une multiplication des services et collections innovants. (Jean-Philippe Décarie, Marie D. Martel)
  • La place des femmes dans l’espace public. Le Monde propose une discussion avec Edith Maruéjouls, docteure en géographie, sur les inégalités dans l’espace public. Proposition : Penser le partage de l’espace public dès l’enfance en évitant une construction de la domination au sein de celui-ci; encourager la mixité, le multi-usages et un aménagement flexible en termes de temps d’occupation ; relégitimer la présence des femmes dans l’espace public. (Jean-Philippe Décarie, Marie D. Martel)
  • Être bibliothécaire, demain.  Que sera le rôle des bibliothécaires dans un monde en mutation constante ?  Quelle est la valeur ajoutée de la formation et de l’expérience professionnelle des bibliothécaires ? Le bibliothécaire de demain devra entre autre être attentif aux signes avant-coureurs de toute transformation qui sera une opportunités d’inventer et d’innover. (Jean-Philippe Décarie, Marie D. Martel)
  • L’impact des bibliothèques comme espaces créatifs (PDF).  L’accès à l’information via les médias numériques a transformée la perception du rôle social des bibliothèques. Depuis les années 90, les bibliothèques se sont ré-orientées vers une forme de participation publique qui va bien au-delà du prêt et de la lecture. Les bibliothèques aujourd’hui s’engagent avec les citoyens dans le développement d’activités créatives et cette étude vise à en mesurer l’impact. (Jean-Philippe Décarie, Marie D. Martel, Sophie Talbot)
  • Makerspace : vers une nouvelle infrastructure civique.  Le potentiel des makerspaces est grand, souligne-t-on dans cet article, mais pour se déployer, ils auront besoin d’offrir cette stabilité institutionnelle que l’on rencontre avec les bibliothèques et qui supportent « une programmation communautaire signifiante ainsi que des opportunités éducatives et économiques. » (Jean-Philippe Décarie, Marie D. Martel, Sophie Talbot)
déc - 2016 06

2016-10-27_112

(Crédit Michel Legendre, BAnQ)

Le mercredi 9 novembre je me suis sentie comme un enfant à Noël : entourée de gadgets technos, et même de Lego!

J’étais invitée à l’inauguration du Square Banque Nationale, un nouvel espace de création numérique à la Grande bibliothèque, gratuit et destiné aux ados de 13-17 ans. Le Square Banque Nationale est un espace physique situé à la Grande bibliothèque ainsi qu’une plateforme numérique collaborative accessible partout au Québec sur square.banq.qc.ca. Eh oui, vous avez lu correctement le nom « square »; il s’agit bien d’un mot français qui, selon Wikipédia, signifie « une petite place urbaine occupée par un jardin public ».                                                                                                          

Heureusement que j’ai eu la chance de visiter le Square lors de l’inauguration puisqu’il est normalement interdit aux adultes. Les ados qui le fréquentent auront la chance d’exprimer leur créativité, sans jugement ni peur d’erreur, en profitant de la technologie dernier cri. Le Square offre, entre autres, 25 portables de pointe, une imprimante et scanner 3D, un écran vert, de l’équipement pour réaliser de l’animation image par image et de la photographie, de la programmation spécialisée, des espaces de travail individuel et travail de groupe ainsi qu’un coin de détente.

 

20161109_174056_HDR

Voici un aperçu de ce qu’on trouve au Square : un numériseur 3D, un ordinateur portatif pour la modélisation 3D et une imprimante 3D. (Crédit Robyn Maler, Bibliothèques de Montréal)

20161109_174152

Ce numériseur 3D de la marque Matter and Form permet aux usagers de créer des copies d’objets existants. (Crédit Robyn Maler, Bibliothèques de Montréal)

2016-10-27_030

 Des utilisateurs ados expérimentent avec l’écran vert pour un tournage de vidéo.  (Crédit Michel Legendre, BAnQ)

2016-10-27_033

À l’écran, la transformation numérique de l’écran vert en scène de nature.  (Crédit Michel Legendre, BAnQ)

2016-10-27_001

 Voici des postes de travail avec ou sans poste informatique. (Crédit Michel Legendre, BAnQ)

2016-10-27_100

Voici le coin détente, où les usagers peuvent jouer aux jeux vidéos.  (Crédit Michel Legendre, BAnQ)

Mais comment est-ce qu’un lieu de création numérique peut s’inscrire dans la mission de la bibliothèque publique? Tout simplement : les bibliothèques ont à cœur de démocratiser l’accès aux technologies, selon l’Association des bibliothèques publiques du Québec. Le Square contribuera alors à améliorer la littératie numérique d’une nouvelle génération de Québécois. Les compétences numériques ne cessent de devenir de plus en plus en demande et en vogue dans plusieurs secteurs, et l’accès aux dernières technologies représente toujours une barrière à l’acquisition de ces compétences.

Lors de l’inauguration, nous avons visionné une vidéo créée par Émile Roy et Mehdi Agnaou, jeune vidéastes et humoristes. Les deux adolescents ont utilisé les équipements du Square pour créer une vidéo drôle et dynamique. C’était un avant-goût du potentiel de cet espace de création numérique!

 

Informations pratiques :

Pour les coordonnées et les heures d’ouverture, veuillez consulter le site web du Square.

Mot(s)-clé(s) associé(s) à cet article :
nov - 2016 23

Commencé il y a quelques mois puis mis de côté, le sujet de cet article a regagné toute sa pertinence et son intérêt en regard de l’actualité québécoise récente.

Fin octobre, nous apprenions que le téléphone de Patrick Lagacé, un des chroniqueurs star de La Presse, avait été mis sur écoute par le Service de Police de la ville de Montréal. Plusieurs journalistes auraient subi la même intrusion dans leur travail et leur vie privée.

Le 2 novembre dernier, Edward Snowden, le lanceur d’alerte américain le plus connu, donnait une vidéo-conférence à l’Université McGill. Il est revenu entre autres sur l’affaire Lagacé et sur l’importance de protéger sa vie privée numérique.

 

Il existe de multiples façons d’être un bibliothécaire engagé, et par le passé, de nombreuses figures de cette profession se sont illustrées (pensons par exemple à Éva Circé-Côté) dans la lutte pour l’éducation, l’accès à l’information pour tous. En ce sens, le métier de bibliothécaire n’a pas tellement changé. Bien que datant de 1994, la version actuelle du Manifeste de l’UNESCO sur la bibliothèque publique est encore abondamment citée. Et pour cause. Dans un monde où la production de l’information se multiplie à une vitesse qui n’a presque plus rien d’humain, dans un univers numérique omniprésent et où la fameuse fracture ne disparaît pas tant que ça (entre accès aux technologies et véritable compréhension de celles-ci), il est bon de rappeler que les missions de la bibliothèque publique, qui s’incarnaient dans le monde physique, doivent aussi se retrouver dans notre monde numérique :

  • soutenir à la fois l’auto-formation ainsi que l’enseignement conventionnel à tous les niveaux
  • assurer l’accès des citoyens aux informations de toutes catégories issues des collectivités locales
  • faciliter le développement des compétences de base pour utiliser l’information et l’informatique ;

Mais c’est surtout dans le premier paragraphe du Manifeste que l’on retrouve en filigrane les défis que vivent les bibliothèques et les bibliothécaires d’aujourd’hui :

La liberté, la prospérité et le développement de la société et des individus sont des valeurs humaines fondamentales. Elles ne peuvent s’acquérir que dans la mesure où les citoyens sont en possession des informations qui leur permettent d’exercer leurs droits démocratiques et de jouer un rôle actif dans la société. Une participation créatrice et le développement de la démocratie dépendent aussi bien d’une éducation satisfaisante que d’un accès libre et illimité à la connaissance, la pensée, la culture et l’information.

 

Et parmi ce flot d’informations, il y a toutes celles que nous produisons, en écrivant des courriels, en naviguant sur des sites, en nous identifiant, en marchant, en jouant, en cliquant sur J’aime. Des informations qui a priori nous appartiennent, sont privées, et qui sont pourtant collectées, analysées et revendues. Non, nous ne sommes pas tous surveillés par la NSA, mais la liberté et le respect de notre vie privée que nous exigeons et qui nous semble absolument normal dans le monde physique, ne se retrouvent pourtant pas tout à fait dans l’univers numérique.

 

Quelques petits rappels de la loi au Québec :

Charte des droits et libertés de la personne :

  • Toute personne a droit au respect de sa vie privée. (article 5)

Code civil du Québec :

  • Toute personne a droit au respect de sa réputation et de sa vie privée. (article 35)
  • Peuvent être notamment considérés comme des atteintes à la vie privée d’une personne les actes suivants:
    • 1°  Pénétrer chez elle ou y prendre quoi que ce soit;
    • 2°  Intercepter ou utiliser volontairement une communication privée;
    • 3°  Capter ou utiliser son image ou sa voix lorsqu’elle se trouve dans des lieux privés;
    • 4°  Surveiller sa vie privée par quelque moyen que ce soit;
    • 5°  Utiliser son nom, son image, sa ressemblance ou sa voix à toute autre fin que l’information légitime du public;
    • 6°  Utiliser sa correspondance, ses manuscrits ou ses autres documents personnels. (article 36)

Ces deux documents officiels et constitutifs de notre société sont très clairs : le respect de la vie privée est un des droits fondamentaux des québécois, des humains.

 

Alors, sans tomber dans la paranoïa, que peut-on faire?

Je crois sincèrement que les bibliothèques publiques ont un rôle important, pour ne pas dire primordial, à jouer dans le domaine de la littératie numérique (rendre chaque citoyen actif, créatif et critique face au numérique). Cet accompagnement que les bibliothèques peuvent faire se joue sur différents points. L’un deux est la sensibilisation des citoyens aux concepts de vie privée et protection des données sur Internet. Il s’agit également de leur donner des outils pour protéger les informations qu’ils produisent.

Une des premières étapes sera peut-être de devoir répondre au scepticisme des usagers (ou de vos collègues). Vous trouverez réponses et arguments aux classiques « Je n’ai rien à cacher », « Je/Ma vie n’intéresse personne », « Ce n’est pas grave que l’on sache ce que j’ai mangé au déjeuner », et autres sur ces deux sites :

 

Et Edward Snowden le rappelait à McGill « Le droit à la vie privée, c’est le droit d’être soi-même »[1].

 

Il existe différents moyens de protéger votre vie privée sur Internet, principalement en utilisant les bons outils, navigateurs et autres produits issus du monde du libre.

Parlons moteurs de recherche. Qui n’utilise pas Google?  Et pourtant il en existe d’autres tout aussi efficaces (ou presque, soyons tout de même honnêtes) et bien plus respectueux de la vie privée. En haut de la liste : DuckDuckGo et Qwant (Qwant possède même une version pour les plus jeunes : Qwant Junior, qui propose une interface adaptée et filtre pour éliminer le plus possible les contenus non appropriés). Qwant a d’ailleurs passé un accord avec Mozilla cet été pour que le moteur de recherche soit disponible sur Firefox de façon intégrée.

Quelques liens à suivre, des pages à lire pour comprendre le monde numérique dans lequel nous évoluons aujourd’hui :

  • Protection de la vie privée en ligne et sur les réseaux sans fil : un site du Commissariat à la protection de la vie privée du Canada qui a pour mission de protéger et de promouvoir le droit à la vie privée. On y trouve beaucoup d’informations sur la loi canadienne et des conseils concernant une foule d’aspects reliés à la vie privée, et plus particulièrement sur le numérique ici.
  • Dégooglisez votre entourage en quelques tutos-vidéos ! : Framasoft est un réseau d’éducation populaire, issu du monde éducatif, consacré principalement au logiciel libre. Un de leur projets phares s’intitule Dégooglisons Internet. Framasoft propose donc toutes sortes d’alternatives aux logiciels, programmes, sites que nous utilisons et qui ne sont pas respectueux de notre vie privée.
  • Library Freedom Project: ce projet américain est celui d’un partenariat entre bibliothécaires, avocats, informaticiens et défenseurs de la vie privée. Leur but est de sensibiliser à la surveillance et d’outiller les bibliothécaires pour y faire face, et par-delà les usagers des bibliothèques. L’organisme participe également à The Tor Project et propose un kit pour les bibliothèques qui souhaitent devenir des relais Tor.
  • 5 étapes pour commencer à protéger la vie privée des usagers : Thomas Fourmeux, assistant multimédia en bibliothèque et fortement engagé dans la défense des libertés numériques (suivre son blogue : http://biblionumericus.fr/), a repris des outils proposés par Alison Macrina du Library Freedom Project dans un article récent du Library Journal. Dans son dernier article, il propose d’autres trucs à appliquer dans notre vie personnelle et pourquoi pas, professionnelle aussi.
  • Compte-rendu du café vie privée du 18 juin : compte-rendu d’une rencontre de bibliothécaires parisiens et d’usagers autour de la protection de la vie privée en ligne. Présentation du formateur disponible et très intéressante.
  • Internet Citizen: blogue de Mozilla qui prodigue des conseils (en anglais) pour comprendre et protéger sa vie privée sur Internet.

Au Québec :

  • Crypto Québec : média numérique indépendant dont les sujets et les champs d’action tournent autour des enjeux de sécurité informatique, géopolitique, vie privée, technologie de l’information et renseignement.
  • SQIL : la Semaine québécoise de l’informatique libre. Évènement annuel autour de la culture du libre (logiciel, matériel, savoir) et des communs numériques. Organisée par FACIL.

 

Et n’oubliez pas : sur Internet, si c’est gratuit, c’est vous le produit.

Mot(s)-clé(s) associé(s) à cet article :
juin - 2016 13
post-it-notes

Giorgio Montersino via Flickr - CC BY-SA

1. L’ABF réussit à valoriser l’innovation à son congrès 2016. Un rapide compte-rendu des trois jours du Congrès de l’Association des Bibliothécaires de France des 9-10-11 juin derniers sur le thème de l’innovation. Une innovation vue d’un point de vue social, technologique et territorial sur fond de débat sur les horaires élargies des bibliothèques. Une participante convertie : « Je crois de toute façon que lorsqu’on commence à casser les codes, on devient accro à ça, l’innovation, c’est addictif. »

2. Comment développer une culture de l’innovation dans les bibliothèques ? La présentation de Silvère Mercier, sur son blogue Bibliobsession, faite au congrès de l’ABF la semaine dernière. Où l’on parle de formation, de médiation numérique (et non de médiation du numérique), de l’importance de forger une culture numérique commune et de la veille, où « l’innovation existe là où la prise de décision est décentralisée ».

3. Bibliothèques : pourquoi jeu vidéo et FabLab ne sont pas qu’un “coup de jeune”. Retour sur les ateliers techno proposés aux participants du Congrès de l’ABF. Discussion croisée entre plusieurs professionnels des bibliothèques. Où l’on parle d’éducation à la citoyenneté numérique, de « ne pas laisser la technique aux techniciens », du numérique comme nouvel outil et des « technologies qui favorisent le vivre-ensemble, déjà au cœur de la bibliothèque ».

4. Une imprimante 3D en médiathèque : Pour quoi faire ? Quelques arguments pour faire entrer l’impression 3D dans la bibliothèque et des exemples concrets de ce que l’on peut faire avec.

5. Tuto des makers #11: fabriquez votre casque de réalité virtuelle. Un tutoriel vidéo de moins de deux minutes pour fabriquer son propre casque de réalité virtuelle (beaucoup moins cher qu’un Oculus Rift!). Au programme : du carton, des lentilles, du velcro, des aimants, une règle, des ciseaux et un peu de pliage et d’astuce.

6. 60 secondes pour comprendre la réalité virtuelle. Un petit film d’animation expliquant la réalité virtuelle et ses applications. Et pour ne pas les confondre : 60 secondes pour comprendre la réalité augmentée.

Mot(s)-clé(s) associé(s) à cet article :
avr - 2015 09

tablette3

Après l’examen du profil de la génération tablette et un survol des services mobiles, les participants du laboratoire vivant des Bibliothèques de Montréal ont entrepris d’explorer et de co-créer des avenues de développement possibles, pertinentes, innovatrices, durables pour la tablothèque. Ce troisième et dernier article sur le thème des tablettes en bibliothèque publique résume les résultats de cette démarche.

LE MUR DE PROJETS

Quatre types de services ont été identifiés comme des solutions à développer dans un avenir rapproché:

  1. L’utilisation d’une tablette pour créer des parcours de découvertes. On veut recourir à la tablette pour offrir une expérience interactive, dynamique, ludique à l’aide d’applications ou de capteurs permettant de découvrir son quartier, la bibliothèque, les ressources numériques ou locales, les oeuvres des auteur(e)s ou des créateurs via des circuits, des jeux de pistes, des rallyes, etc.  La tablette se fait participative et l’emphase est placée sur la découverte et la médiation culturelle au service de l’écosystème local. On estime qu’une approche événementielle de type fabricathon (exemple Bibliomix version bibliothèque de Muséomix) pourrait être l’occasion de concevoir et prototyper ces services.
  2. Le prêt interne et externe de tablettes. Les deux types de services, prêt interne et externe, suscitent également un intérêt significatif et visent à offrir un accès à internet plus étendu et adapté aux usages actuels en accord avec les finalités de la Ville intelligente. Dans le cas du prêt interne, le libre-service avec la carte d’abonné s’impose. L’hypothèse de créer un consortium-réseau pour aborder les fournisseurs de tablettes qui proposent des dispositifs de libre-service est fortement recommandée. La possibilité d’offrir une diversité de plate-forme – pour ne pas privilégier iOs ou Androïde – apparaît comme une voie cohérente avec la position de neutralité, voire même l’approche techno-critique en matière de citoyenneté numérique que les bibliothèques revendiquent généralement.
  3. L’intégration de la tablette dans l’aménagement et le mobilier de la bibliothèque. Les bars à tablettes dans les espaces actualités ou les cafés, les tablettes pour la valorisation des ressources en ligne ou le furetage des nouveautés au bout des rayonnages,  les tablettes avec des câbles anti-vol ou montés sur support pour présenter des contenus exclusifs deviennent des stratégies d’intégration du numérique dans l’espace physique qui sont recherchées pour améliorer l’expérience en bibliothèque.
  4. L’animation interactive auprès des publics jeunes et ados. Les sélections de lecture sur des appareils mobiles et des animations projetées sur écran permettent de ré-inventer les services jeunesse comme l’heure du conte.

On a également insisté sur l’importance des services suivants: le développement de collections d’applications, notamment pour les jeux, les ateliers d’initiation en communautés numériques et en 1:1, les services en ligne tels que Zinio et hoopla, la référence nomade, la combinaison du prêt de tablette avec le prêt de routeur, etc.

LE DESIGN DE SERVICES EMPATHIQUE : LES PUBLICS

Reprenant les questions des usages, des objectifs, des règles de prêt, des contenus, des attentes à l’égard du personnel, des services de qualité tout en étant innovants, les participants ont proposé des scénarios empathiques pour des publics cibles. Une question test était suggérée et pouvait servir de déclencheur, sans être limitative: Comment offrir les journaux, les revues, les livres par le biais des tablettes – considérant que la version papier de ces documents pourrait être appelée à disparaître à court ou à moyen terme?

 La tablette d’or. Pour les aînés,  l’accompagnement par le biais d’ateliers d’initiation est conçu comme une priorité. L’exemple récent de la bibliothèque d’Outremont qui a reçu 62 inscriptions pour une formation de 10 cours sur l’utilisation du iPad confirme cet intérêt. Le développement de collection d’applications adaptées aux aînés est aussi recommandé.

Les services hors-les-murs dans les résidences pour aînés constituent une autre piste prometteuse, soit dans le but de prêter des tablettes (ou ces liseuses qui ne servent à peu près plus) ou pour capter des récits de vie, offrir des ateliers, faire découvrir les services en ligne. Au sujet de la lecture, la possibilité de pouvoir grossir les caractères (et désormais le poids plus avantageux des appareils mobiles – si on les compare aux pavés en gros caractères) suscite un enthousiasme considérable.

La tablette pour adultes. Du côté des adultes, la priorité va du côté de la médiation numérique et de l’expérience. Pour ces réguliers qui viennent lire les journaux papier à la bibliothèque, il faut envisager une transition vers le prêt de tablettes qui proposeraient les quotidiens et les revues. Les versions gratuites des quotidiens et des revues seraient offertes. Cette offre pourrait être adaptée en tenant compte des besoins des personnes issues de l’immigration ou de ceux des femmes.

Mais, le défi à relever est toujours le même que ce soit pour un poste internet, un portable ou une tablette et que l’on soit à la bibliothèque ou à la maison : Comment amener les usagers vers la bibliothèque numérique qui donne accès aux abonnements payants de ces périodiques en version complète? Médiation ou marketing numériques, atelier ou référence nomade, signalisation ou application dédiée pour la bibliothèque numérique, ou alors toutes ces réponses?

Le souci d’aménager un café, un espace de convivialité ou de créativité avec un bar à tablettes ou des appareils mobiles en prêt font partie des scénarios visant à favoriser une expérience positive, différents niveaux d’engagement, un sentiment d’appartenance.

La tablette y et z.  Les trois principaux services explorés pour les jeunes concernent l’animation et la lecture interactive (comme on l’a vu plus tôt), la découverte de produits éducatifs (flashcards, quiz, atlas, tutoriels, etc.) et les jeux. Dans tous les cas, le défi du développement de collections apparaît comme un chantier magnifique: Applithécaires jeunesse recherchés. Et d’une façon générale, le modèle du Youmedia (HOMAGO) demeure la référence pour la conception d’espace physiquenumériquecréatif.

Un autre défi de nature pédagogique consiste à concevoir des ateliers pour une utilisation éclairée et créative des tablettes (littéracie et citoyenneté numérique) comportant un volet d’apprentissage par les pairs – ainsi que pour les pères et mères qui ne voudraient pas faire face au décrochage scolaire avant leurs enfants pour cause d’analphabétisme technologique.

L’importance des conditions transversales suivantes a été soulignée à maints égards :

  • planifier/programmer ces services en collaboration avec les citoyens et les communautés locales;
  • développer les compétences numériques du personnel et celles des citoyens via les communautés numériques (l’essentiel chantier sur la fracture/littéracie numérique).
  • repenser la tablette sociale pour contribuer à l’animation de la bibliothèque tiers lieu et favoriser différents niveaux d’engagement;
  • mettre à profit l’effet et le potentiel collaboratif du réseau;
  • évaluer l’offre de service à l’aune de l’impact environnemental et du développement durable;
  • travailler en partenariat avec des organismes intéressés par l’expérimentation technologique, l’innovation ouverte, la mobilité, la littéracie numérique;

LA LISTE

Voici enfin une liste de ressources sélectionnées pour accompagner la réflexion sur les tablettes en bibliothèques.

Usages, services, programmes, outils

Mobilité au Québec : la croissance se poursuit
Les foyers québécois avec enfant(s) plus équipés et plus connectés
Le CEFRIO dévoile le rapport de ce projet d’expérimentation de la tablette numérique auprès d’entrepreneures
New Report Hails Librarians as Drivers of Digital Transition
New Survey Results Show U.S. Students Believe Tablets Are Game Changers in Learning and Student Engagement
Survey: Library Ebook Growth Slowing but Still Substantial
Meet the Tabletarians
Réflexion sur les tablettes en bibliothèques
Utilisation de nouveaux supports numériques en médiathèque
Old-Fashioned Libraries And Handwritten Notes: Learning With Khan Academy’s New iPad App
SLJ Reviews the AWE Tablet: A fast device, delivering blended content to individual students
Generation Tablet: Kids Must Learn to Hack in the Real World
Pilot Project: Three Chicago Public Library Branches Will Begin Lending Internet Routers and Tablets Next Month
Tablet Lending Program | Brooklyn Public Library
Drexel University installs iPad rental vending machine for students, library card holders
Cool Uses of iPads in School Libraries on Pinteres
20 Coolest iPad Ideas for Your Library
NetPublic » Guide de la tablette numérique pour les parents
iPads and Tablets in Libraries
What’s Hot | Library By Design

Mot(s)-clé(s) associé(s) à cet article :
mar - 2015 31

15563157851_e5d2dfc474_z

Et si on refaisait le point sur la tablette en bibliothèque? C’est l’objectif de l’article du Library Journal, Meet the Tabletarians, paru au début de l’année 2015. La tablothèque a déjà une histoire : La tablette a été perçue, dès 2010, comme une solution pour révolutionner le service de la référence en libérant les bibliothécaires des chaînes qui les retenaient prisonniers à leur bureau. Mais le poids, la connexion approximative/la lenteur ont rapidement terni ces espoirs. Les tablettes sont retournées de l’autre côté du comptoir- et les bibliothécaires aussi. Incidemment, la présence de ces appareils mobiles au sein du personnel est devenue l’occasion d’expérimenter : Les tablettes ont opéré à la façon d’une technologie de rupture qui aura permis de concevoir d’autres possibilités en termes d’usages et de services. Qu’est-ce que l’on a imaginé depuis autour des tablettes? Quels sont les nouveaux services supportés par les tablothécaires? Plusieurs bibliothèques au Québec et à travers le monde ont intégré cette technologie dans leur programmation notamment comme une stratégie pour favoriser l’effet de tiers lieu. Puis, la technologie s’améliorant peu à peu, on assisterait aujourd’hui au retour en force de la référence nomade.

Ce survol des pratiques et des services impliquant la tablette en bibliothèque a été discuté au sein d’un laboratoire vivant qui se tient dans les bibliothèques de Montréal. D’autres éléments d’informations sur le profil des tablonautes ont été partagés dans un article précédent.

La tablette, un perturbateur technologique

La référence nomade qui s’appuyait sur la tablette n’avait pas convaincue. La lourdeur, le peu d’ergonomie, le manque de connectivité avaient fini par en faire une sorte de tremplin, un prétexte pour raccompagner l’usager vers le bureau de référence plutôt qu’un service mobile autonome. Mais si les tablettes n’ont pas connu le succès escompté dans les allées, elles ont servi, en revenant du côté du personnel, à remettre en question la référence, ainsi que les autres services, et à explorer de nouvelles avenues, comme l’heure du conte avec des applications interactives ou les services hors-les-murs réinventés, par exemple. La tablette a servi de technologie de rupture :

Et tandis que les iPads n’ont pas été très utiles dans les rayonnages, le programme a provoqué toute une série de conversations fondamentales sur le service de la référence sans le bureau de référence …«Le personnel a développé une conscience accrue de l’importance de rejoindre et d’aider les clients là où ceux-ci se trouvent (plutôt que d’obliger les clients à revenir à la réception)», explique Lewis. «À tout le moins, les iPads ont connu un très grand succès comme technologie de rupture qui a suscité de nombreuses discussions sur la prestation de services. »

Après les tâtonnements et les expérimentations, on assiste désormais à une intégration plus stratégique des tablettes qui permet d’améliorer l’efficacité et l’expérience en bibliothèque – en soulignant que cette expérience client doit pouvoir se mesurer à celle des commerces de détail que ce soit une librairie ou un Applestore.

L’essor des tablettes en bibliothèque se décline maintenant à travers un registre assez large de services : accès aux technologies numériques, prêt de tablettes sur place ou en prêt externe, libre-service, utilisation dans les activités et la formation, applications de bibliothèques pour la découverte de contenus exclusifs, applications éducatives (littéracie numérique, emploi, etc.), sélections de livres et de jeux, lecture de livres interactifs à voix haute pour les jeunes, valorisation thématique des ressources, stations de travail, kiosques de iPads pour les actualités, bars à informations à l’aide de tablettes, etc.

Cette tendance prend diverses formes, note Miller. Pour de nombreuses bibliothèques publiques, l’accès aux nouvelles technologies est une partie importante de leur mission, et même si les propriétaires d’une tablette sont à la hausse, les programmes qui prêtent des tablettes ou permettent à leurs clients d’utiliser celles de la bibliothèque sont devenus de plus en plus communs. Les bibliothèques installent les tablettes sur des étagères ou des supports pour servir de points d’aide à la référence pour les clients. Les instructeurs les intègrent dans les programmes et les cours. Et comme avec [BPL], de nombreuses bibliothèques sont à la recherche de moyens susceptibles de permettre au personnel de passer plus de temps avec les clients, le recours aux tablettes pourrait contribuer à répondre à cette demande.

La tablette, une tierce pratique

La tablette fait aussi parties des repères domestiques et des stratégies pour aménager la bibliothèque tiers lieu conçue comme un second chez-soi : «les bibliothèques sont devenues le « troisième espace » pour leurs communautés offrant un endroit loin de la maison et du bureau avec des sièges confortables, des ordinateurs, le wifi.»

D’un point de vue pratique, lorsqu’un usager est confortablement installé à un ordinateur ou une table, la perspective de quitter ses effets ou ses objets de valeur pour demander de l’aide peut s’avérer problématique, et on appréciera la présence des bibliothécaires nomades dans ce contexte.

Et puis, les tablettes ne sont plus ce qu’elles étaient naguère: Elles sont devenues moins lourdes, plus rapides, de moins en moins coûteuses. Elles peuvent être utilisées pour donner accès aux ressources de la bibliothèques, montrer comment emprunter des livres ou pour faire découvrir des sélections d’applications. Les fournisseurs proposent maintenant des solutions mobiles et développent des outils permettant d’emprunter, abonner, éditer un compte d’usager, accepter des paiements pour des amendes, renouveler un prêt ou réserver un document, utiliser des listes et des inventaires en temps réels pour l’élagage, etc.

Il semble aussi plus cohérent de préférer les tablettes à une autre sorte d’interface quand il s’agit d’aider ou d’accompagner un usager considérant qu’il retournera chez lui pour refaire les démarches apprises ou accéder à ces ressources sur des appareils mobiles. Ces pratiques adaptées à celles des usagers favorisent la continuité et la familiarité de l’expérience de même que l’effet de la bibliothèque comme prolongement de la maison.

Une diversité de modèles de services

Différents projets pilotes explorant différents modèles de services sont mis en place aux États-Unis, en France et au Québec.

San Diego public Library, le prêt de masse.  Cette bibliothèque inaugurée récemment est réputée pour son programme technologique innovateur prévoyant plus de trois cents dispositifs mobiles. L’offre mobile comprend le prêt de iPads, iPads mini, Chromebooks, Kindle, et Sony Readers ainsi que des stations de travail (working stations) qui exposent des collections de documents rares,

Hennepin County Library,  une référence pour les projets pilote de tablettes destinés au personnel. Ce réseau a été reconnu comme Top Innovator 2013 par le Urban Libraries Council pour son projet pilote de tablettes conçu dans le but de développer les compétences du personnel. Ce projet a été étendu aux 41 succursales.

Brooklyn Public Library, un leader pour le prêt externe de tablettes. Depuis 2013 la bibliothèque publique de Brooklyn (Brooklyn Public Library, BPL) s’est doté d’un programme de prêt externe gratuit de tablettes avec 1000 Google Nexus 7 pour les enfants, les adultes et les éducateurs de Brooklyn. Ce projet a été rendu possible grâce à un don de Google, de l’État de New York et du Fonds pour les écoles publiques. Les tablettes offrent les applications de la bibliothèque ainsi qu’une sélection orientée sur l’éducation et l’alphabétisation.  Le programme est disponible en ligne avec les informations concernant les conditions du prêt, la politique, une foire aux questions et un tutoriel.

Chicago Public Library annonce le prêt externe de routeurs et de tablettes. Trois bibliothèques du réseau de Chicago ont annoncé le prêt externe de tablettes ainsi que le prêt de routeurs en février dans le but de contribuer à réduire la fracture numérique. »

Le prêt de tablettes en libre-service dans les bibliothèques de Montréal. À l’instar de certaines bibliothèques américaines, on trouve du prêt de tablettes en libre- service dans les bibliothèques de Montréal. Le prêt de liseuses n’a plus la cote auprès des usagers. Les abonnés peuvent emprunter des iPads par le biais du dispositifs de prêts NetSpot en libre-service aux bibliothèques Du Boisé et Pierrefonds , ou au comptoir de services à la bibliothèque Marc-Favreau. Très populaire, le prêt est destiné à une utilisation sur place. Les nouvelles bibliothèques Saul-Bellow (Lachine), et Benny (Notre-Dame-de-Grâce) qui ouvriront  leurs portes cette année prévoient aussi ce service. Ailleurs au Québec, la bibliothèque de Saint-Lambert est un autre exemple.

Le prêt de tablettes externe se retrouvent essentiellement dans les bibliothèques universitaires québécoises. Note : À l’université de Montréal on peut voir en ligne la disponibilité des tablettes.

Ailleurs au Canada, on semble plutôt orienté vers le prêt de portables que de tablettes. À Edmonton, le prêt de Chromebook est disponible  à l’intérieur de la bibliothèque pour la journée.

En France, une carte présente les établissements qui prêtent des lieuses et des tablettes : https://www.google.com/maps/d/edit?mid=zNsEEEK68_-I.khelhmAlzdNU

À confirmer, il s’agirait essentiellement de prêt sur place. Dans cette veine, les bibliothèques de Paris annonçaient le prêt de 250 iPads en  juin 2014. Des listes de bibliothèques engagées dans ce modèle de services sont recensées sur Bibliopedia (une mise à jour serait requise). Ce Storify documente le contexte des  bibliothèques françaises où les appareils mobiles semblent susciter beaucoup d’enthousiasme.

Tablette 101

Aujourd’hui, les initiations à l’utilisation des tablettes font généralement partie des cours de base des bibliothèques aux États-Unis, au Canada et en Europe. C’est bien connu que les grande villes canadiennes (Toronto, Vancouver, Edmonton) sont très fortes en matière de littéracie numérique : la quantité et la qualité des ateliers y est affolante (insane). Du côté de Halifax, où se trouve la nouvelle bibliothèque dont tout le monde parle, on propose la formation 1:1 en invitant les gens à se présenter pour des séances personnalisées sur les liseuses et les tablettes. Un guide d’introduction à la tablette (Hello iPad en format pdf) est aussi accessible en ligne pour les autodidactes débutants.

Mais, au Québec, même la bibliothèque de Saint-Tite, à travers le réseau Biblio, a ses ateliers sur les tablettes (Android ou iPad, mais c’est payant), pendant que la bibliothèque de Saint-Jean-sur-le-Richelieu vante la qualité de ses propres formations sur le sujet.

La bibliothèque d’Outremont s’apprête à offrir une formation gratuite : iPad pour les aînés d’une durée de10 semaines, les mercredis matins, en partenariat avec le Centre d’éducation des adultes. Les tablettes sont fournies.

Et l’applithécaire ?

Le développement de collections, traditionnellement orienté sur le livre, puis sur les autres types de documents (musique, films, jeu, etc.) se renouvelle encore à travers le développement de collections d’applications. Cette fonction introduisant un nouveau profil, celui de l’applithécaire (hum).

On peut voir un exemple intéressant d’une démarche de sélection d’applications du côté de la bibliothèque du MIT.

Si vous connaissez des projets pilote autour des appareils mobiles au Québec ou ailleurs, dans le milieu des bibliothèques ou de l’éducation, n’hésitez pas à alimenter ce survol.

Dans un troisième article, des scénarios de développement de services en fonction des publics seront présentés, avec une liste de ressources. 

Source : Flickr Sascha Müsse, cc-by-sa

 

Mot(s)-clé(s) associé(s) à cet article :
fév - 2013 22

Newcastle City Library - Returns

  1. L’impact de l’automatisation des prêts et des retours sur l’organisation du travail et sur les services dans les bibliothèques (mémoire d’étude, janvier 2013). « L’automatisation des prêts-retours est susceptible d’entraîner des conséquences sur l’organisation du travail, de même que sur le développement, la création ou la requalification de services dans les bibliothèques. Ce travail s’efforce d’analyser les résultats de ces processus, et de repérer les choix stratégiques effectués par les établissements. « 
  2. Construire la médiathèque… avec les habitants. Dans le cadre d’un laboratoire d’innovation public, les habitants de Lezoux en France, ont participé avec des designers, à imaginer leur future médiathèque. Résultat : une proposition intéressante de configuration de l’espace et un plan d’usage pour la future médiathèque intercommunale de Lezoux.
  3. Lodi Library to offer laptops for members to take home. Aux États-Unis, des bibliothèques publiques ont commencé à offrir, à leurs usagers, le service de prêt à domicile d’ordinateurs portables. L’exemple de Lodi Public Library fait partie d’un projet pilote pour distribuer 1000 ordinateurs à travers l’État de la Californie. Le service vise principalement les personnes qui n’ont pas d’ordinateurs à la maison.
  4. Meadows Community Recreation Centre & Edmonton Public Library. Un nouveau centre de loisirs et bibliothèque ouvrira ses portes à Edmonton, en Alberta, en 2014. Il comprendra un centre aquatique, un gymnase, un centre de conditionnement physique, un aréna et une bibliothèque.
  5. Coworking at the Public Library. Le concept de Coworking, son intégration et ses avantages pour les bibliothèques publiques.

Photo : chutes intelligentes – Newcastle City Library, par ricaird, source : Flickr, licence : cc by-nc 2.0

Pour aller plus loin :

Mot(s)-clé(s) associé(s) à cet article :