Ils sont nés au Japon où ils envahissent les affiches et tous les types de publicités virtuelles et imprimées, les couvertures de livres et de magazines, les boîtes de céréales, etc. Ils s’insinuent rapidement dans la culture occidentale, dans de nombreux pays d’Europe et aux États-Unis, et on les retrouve depuis quelques mois dans les stratégies promotionnelles mises de l’avant dans les grands centres urbains québécois. Les codes QR, pour «Quick Response», ont la cote, et leur succès est probablement dû au fait qu’ils permettent l’établissement d’un lien presqu’instantané entre les univers physique et numérique, du moins pour les utilisateurs d’appareils mobiles munis d’une caméra et d’un accès Internet.
Afin d’illustrer la popularité des codes QR en Asie et l’impact éventuel de cette technologie sur nos vies, nous vous proposons la vidéo suivante, qui a circulé et joui d’une grande popularité dans les médias sociaux au cours des dernières semaines :
Un carré magique
Le code QR est un format permettant l’encodage et la représentation d’informations numériques sous une forme compacte. Le principe est le même que celui du code barres, à la différence que le nombre maximal de caractères encodés peut aller jusqu’à 7 089, comparativement aux codes barres qui se limitent généralement à 20. Pour le propriétaire d’un appareil mobile muni d’une caméra, l’utilisation d’un code QR est des plus simples : il suffit d’utiliser une application logicielle dédiée au décodage de l’image captée par l’appareil photo. Ces applications, nombreuses, sont disponibles et facilement repérables par le biais des boutiques d’applications en ligne des fournisseurs de plate-formes mobiles.
Dans un article paru en avril dernier dans la revue Computers in Libraries, Donna F. Eckart propose une recension des types de contenus pouvant être stockés dans les codes QR, allant des coordonnées d’une personne ou d’une organisation à l’URL d’une page ou de tout autre objet web. Selon la nature des informations contenues dans le code, le logiciel dédié effectuera par la suite une action : affichage d’un message texte, appel téléphonique, ouverture du navigateur et de la page correspondant à l’URL encodé, etc.
Afin d’illustrer le potentiel d’utilisation de cette technologie dans un contexte de bibliothèque publique, l’auteur mentionne le projet Snap’n Go de la Contra Costa County Library, dans le cadre duquel des affiches publicitaires présentant des codes QR ont été distribuées sur le réseau de transport en commun de la ville. Ces codes QR, contenant l’URL d’une page du site mobile de l’organisation, facilitent l’accès à une sélection de services en ligne permettant, avec ou sans authentification, le téléchargement de livres textuels et audio. Cette stratégie a comme avantage de faire connaître le site mobile de l’organisation tout en étendant l’offre de services de la bibliothèque au-delà de ses lieux physiques. Plus d’informations relatives à l’utilisation des codes QR et au projet de la CCCL sont aussi mises à la disponibilité du public par le biais d’un guide thématique.
Contrairement au projet de la Contra Costa County Library qui met de l’avant ses services mobiles et promeut la lecture numérique au-delà des murs de la bibliothèque, l’équipe du LABO BNF a quant à elle adopté une stratégie visant à inciter les gens à fréquenter la bibliothèque physique en leur offrant une expérience enrichie de contenus numériques. Ainsi, en avril 2011, le LABO BNF prétextait les fêtes de Pâques et le thème de la chasse aux trésors pour introduire des codes QR dédiés à la mise en valeur et à la découverte des trésors numériques de Gallica. À cette offre permanente, s’ajoutent aussi des contenus proposés en supplément d’expositions thématiques (ici, l’exemple de l’annonce d’un nouveau parcours d’Images de l’Afrique).
Les chasses aux trésors exploitant les codes QR gagnent en popularité. Dans le cadre du grand jeu organisé par le réseau de bibliothèques publiques de New York (NYPL) en mai dernier, la lecture du code QR servait à prouver la découverte d’un indice. En octobre de l’année précédente, la Topeka & Shawnee County Public Library (TSCPL) avait elle aussi proposé une chasse au trésor d’envergure, élaborée dans le cadre d’un programme destiné à la promotion de la lecture. Cette initiative faisait appel à des partenaires locaux qui avaient accepté d’héberger les indices : chaque code QR renvoyait à une question en ligne, et une bonne réponse à la question permettait l’obtention des coordonnées correspondant à la localisation du prochain indice. En bibliothèque scolaire, Gwyneth Jones, connue sous le pseudonyme The Daring Librarian, a adapté une chasse aux trésors visant à mieux faire connaître la bibliothèque de l’école et propose un guide d’initiation aux codes QR sous la forme d’une BD.

The Daring Librarian utilise une facture de style "BD" pour expliquer et promouvoir les codes QR auprès des jeunes.
Même si elle ne dispose pas de moyens importants ou d’un site web optimisé pour les appareils mobiles, une bibliothèque pourrait, à l’instar des initiatives précédentes, utiliser les codes QR afin d’étendre son offre de services aux utilisateurs d’appareils mobiles avec caméra intégrée. Par exemple, une affiche, installée à l’entrée ou à l’intérieur de la bibliothèque, pourrait offrir un accès rapide à des sites optimisés pour les appareils mobiles tels que des sites d’actualité et des blogues thématiques, ou encore à des livres pouvant être consultés directement en ligne. La même affiche pourrait aussi être placée sur les babillards d’autres organismes communautaires (ex. salles d’attente d’hôpitaux ou de cliniques médicales) et de commerces du quartier. Du même coup, la sélection proposée permettrait d’accroître la visibilité de la bibliothèque, tout en offrant l’avantage d’étendre ses services de recommandation au-delà de son territoire physique. Un code QR permettant la géolocalisation de la bibliothèque pourrait aussi être ajouté afin d’inciter les utilisateurs d’appareils mobiles à visiter la bibliothèque.
L’inclusion des codes QR à une stratégie de médiation en bibliothèque ne nécessite pas beaucoup de temps ni de connaissances techniques particulières. Les affiches peuvent être réalisées avec des outils de bureautique communs, et plusieurs générateurs de codes QR offrant diverses possibilités de personnalisation (type de contenu, couleur, taille) sont disponibles gratuitement. À titre indicatif, mentionnons le site Code-qr.net qui propose une sélection de générateurs en français. Proposés en ligne, intégrés au navigateur comme plugiciel ou disponibles pour le téléchargement et l’installation sur le poste de travail, les générateurs peuvent aussi être intégrés à d’autres services. Par exemple, l’outil de raccourcissement d’URL bit.ly génère un code pour chaque lien raccourci, en plus de donner accès aux statistiques de consultation du lien.
Un petit bémol à l’utilisation des codes QR
Les utilisateurs des transports en commun à Montréal ont probablement remarqué une croissance de l’utilisation des codes QR dans les campagnes publicitaires. En effet, comme nous l’avons mentionné précédemment, il est “à la mode” d’inclure un code QR au moment de créer une affiche publique. Cet effet de mode entraîne une surutilisation des codes ou, du moins, une utilisation inappropriée dans de nombreux contextes.
Dans le cadre de nos explorations, nous avons préparé un album photos d’exemples de codes QR à Montréal, avec des commentaires sur leur utilisation. À titre d’exemple d’utilisation inutile du petit carré magique, notons les codes QR installés dans les stations de métro où il n’y a pas d’accès à l’Internet.
Un autre exemple d’utilisation moins appropriée des codes QR se présente à la bibliothèque universitaire CLC Library. La bibliothèque affiche sur ses rayons des codes QR permettant aux utilisateurs d’accéder au catalogue en ligne de la bibliothèque et d’y effectuer des recherches afin de repérer des documents liés à leurs besoins sans quitter les rayons (ici, un article, incluant une vidéo, faisant la promotion du service). Malgré l’intérêt de cette initiative et l’intention la motivant, il est dommage que le catalogue en ligne, ouvert grâce au code QR, ne soit pas optimisé pour les appareils mobiles.
Selon Thoma Daneau d’Adviso, l’engouement massif à l’égard des codes QR dans le contexte publicitaire québécois paraît prématuré lorsque l’on considère le pourcentage des personnes qui possèdent un appareil permettant de les utiliser, sans oublier ceux qui comprennent comment le faire et qui prennent le temps de télécharger sur leur appareil une application dédiée à leur lecture.
Malgré ces appréhensions, nous croyons que les codes QR sont un formidable moyen que peuvent exploiter dès maintenant les bibliothèques pour expérimenter diverses offres de services à un public croissant d’utilisateurs d’appareils mobiles. En effet, il nous semble important de tenir compte du fait que le nombre d’appareils mobiles vendus dépasse déjà celui des ordinateurs personnels et qu’il y aura d’ici moins de cinq ans plus de connexions à l’Internet qui se feront via les appareils mobiles que via les ordinateurs de bureau traditionnels.
Une première expérience d’utilisation des codes QR au sein du réseau des Bibliothèques publiques de Montréal
Depuis quelques mois, les Bibliothèques publiques de Montréal offrent à leurs abonnés l’accès à la plate-forme de lecture en ligne Publie.net. Afin de promouvoir ce service, une campagne de médiation proposant une sélection d’oeuvres à découvrir parmi la riche collection a été initiée (plus d’infos sur l’Espace B et sur le site des Actualités). Dans le cadre de cette campagne, en plus de divers contenus publiés sur le Web, les bibliothèques du réseau sont invitées à exposer des oeuvres liées au thème de l’oeuvre sélectionnée pour la semaine, ainsi qu’à installer des affiches faisant la promotion des oeuvres sélectionnées (sélection complète ou sélection de la semaine).
Les affiches mettant en valeur les oeuvres incluent la couverture du livre, un URL raccourci ainsi que des codes QR menant, suite à l’authentification, au livre à lire en ligne. L’utilisation des codes QR est ici justifiée par le fait que Publie.net propose la lecture de la plupart de ses titres en mode texte, ce qui en permet l’optimisation pour les appareils mobiles. Les utilisateurs ne possédant pas d’appareil mobile ou non familiers avec les codes QR sont aussi servis puisque l’URL raccourci facilite l’accès à la ressource. De plus, un autre URL raccourci, placé en bas de l’affiche, mène à un article destiné aux utilisateurs et expliquant ce que sont les codes QR.

L'affiche d'une première initiative faisant appel aux codes QR, installée dans certaines bibliothèques du réseau montréalais.
Pour plus d’informations…
Notre intérêt à l’égard de l’application des codes QR en bibliothèque est croissant et partagé par de nombreux intervenants du domaine. On retrouve par exemple, sur Scoop.it, une collection d’articles portant sur des expériences d’utilisation et le potentiel des codes QR en bibliothèque, rassemblés par la coopérative de bibliothécaires Bibliofrance. Notons aussi la page QR Codes du wiki Library Success : A Best Practices Wiki, où sont présentées plusieurs initiatives d’intégration par des bibliothèques anglophones, principalement américaines.
Julie J. Fortin et Patrick M. Lozeau
Le 18 juillet 2011 à
Article instructif et passionnant! Merci pour toutes ces informations!
Le 19 juillet 2011 à
Article intéressant et instructif, merci !
Le 19 juillet 2011 à
[...] Des codes QR en bibliothèque au service des utilisateurs d’appareils mobiles Source: espaceb.bibliomontreal.com [...]
Le 19 juillet 2011 à
Un article instructif et captivant. Bravo et merci pour cette belle découverte!
Le 20 juillet 2011 à
Très intéressante réflexion.
Le 22 juillet 2011 à
[...] Des codes QR en bibliothèque au service des utilisateurs d’appareils mobiles Exemple d'utilisation en bibliothèque : les bibliothèques publiques de Montréal.Publié le 18 juin 2011. Source: espaceb.bibliomontreal.com [...]
Le 23 juillet 2011 à
[...] Des codes QR en bibliothèque au service des utilisateurs d’appareils mobiles Ils sont nés au Japon où ils envahissent les affiches et tous les types de publicités virtuelles et imprimées, les couvertures de livres et de magazines, les boîtes de céréales, etc. Ils s’insinuent rapidement dans la culture occidentale, dans de nombreux pays d’Europe et aux États-Unis, et on les retrouve depuis quelques mois dans les stratégies promotionnelles mises de l’avant dans les grands centres urbains québécois. Les codes QR, pour “Quick Response”, ont la cote, et leur succès est probablement dû au fait qu’ils permettent l’établissement d’un lien presqu’instantané entre les univers physique et numérique, du moins pour les utilisateurs d’appareils mobiles munis d’une caméra et d’un accès Internet. Source: espaceb.bibliomontreal.com [...]
Le 30 juillet 2011 à
[...] Des codes QR en bibliothèque au service des utilisateurs d’appareils mobiles ls sont nés au Japon où ils envahissent les affiches et tous les types de publicités virtuelles et imprimées, les couvertures de livres et de magazines, les boîtes de céréales, etc. Ils s’insinuent rapidement dans la culture occidentale, dans de nombreux pays d’Europe et aux États-Unis, et on les retrouve depuis quelques mois dans les stratégies promotionnelles mises de l’avant dans les grands centres urbains québécois. Les codes QR, pour “Quick Response”, ont la cote, et leur succès est probablement dû au fait qu’ils permettent l’établissement d’un lien presqu’instantané entre les univers physique et numérique, du moins pour les utilisateurs d’appareils mobiles munis d’une caméra et d’un accès Internet. Source: espaceb.bibliomontreal.com [...]
Le 2 août 2011 à
[...] bibliothèques ont déjà un outil technologique pour discuter avec les documents: les codes QR. Comme le projet Publie.Net qui a lieu durant l’été dans les Bibliothèques publiques de [...]
Le 3 août 2011 à
[...] Des codes QR en bibliothèque au service des utilisateurs d’appareils mobiles Source: espaceb.bibliomontreal.com [...]
Le 6 septembre 2011 à
[...] Des codes QR en bibliothèque au service des utilisateurs d’appareils mobiles [...]
Le 9 septembre 2011 à
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Le 15 septembre 2011 à
[...] Des codes QR en bibliothèque au service des utilisateurs d’appareils mobiles [...]
Le 13 janvier 2012 à
[...] Ils s’insinuent rapidement dans la culture occidentale, dans de nombreux pays d’Europe et aux États-Unis, et on les retrouve depuis quelques mois dans les stratégies promotionnelles mises de l’avant dans les grands centres urbains québécois. Les codes QR, pour «Quick Response», ont la cote, et leur succès est probablement dû au fait qu’ils permettent l’établissement d’un lien presqu’instantané entre les univers physique et numérique, du moins pour les utilisateurs d’appareils mobiles munis d’une caméra et d’un accès Internet. Des codes QR en bibliothèque au service des utilisateurs d’appareils mobiles [...]