nov 12

491260340_ef6650c3beLa conférence d’ouverture du congrès 2009 Investir le numérique a été prononcée par Maggie Jackson, columnist au Boston Globe et auteure du livre Distracted : The Erosion of Attention in the coming Dark Age. Elle vit à New York.


Maggie Jackson a soulevé des questions pressantes : Comment, aujourd’hui, approcher les bibliothèques, la lecture, le texte? Devrions-nous nous inquiéter ?

À l’âge du numérique, l’information est portable. L’an dernier, 1000 000 de livres ont été numérisés, la bibliothèque se fait virtuelle, la lecture est une affaire de power-bouncing, d’hyperbutinage à travers le texte Mais, en même temps, la littéracie décroît. Comment, dans un tel contexte, arriverons-nous à créer le savoir ? Est-ce que l’ère numérique nous conduit dans la bonne direction ? Répond-elle à nos besoins ?

Notre relation au temps et à l’espace s’est transformée. La patience des époques antérieures a été bouleversée à l’ère industrielle en donnant aux gens le sentiment qu’ils pouvaient contrôler le temps, par exemple avec le cinéma. Aujourd’hui, nous avons franchi une étape de plus : Nous pratiquons le multitasking, nous vaquons à plusieurs activités en même temps, les jeunes, a-t-on constaté dans des études, changent de tâches toutes les trois minutes. De même, les distances sont compressées, notre culture est mobile, nos expériences sont sans frontières.


Comment approcher le texte dans ce monde de flexibilité ? Apprendre est aujourd’hui une activité audio et visuelle, exploitant les intelligences multiples. En même temps, les capacités de recherche s’érodent. Les jeunes sont bons quand il s’agit de se connecter et de collecter de l’information mais ils peinent à l’évaluer. Les travailleurs affirment qu’ils sont trop occupés pour penser. En tant que lecteurs, allons-nous encore en profondeur dans le texte ? Au début de l’imprimerie, la lecture était un labeur physique intense. Au dix-septième siècle, on voir fleurir les grands lecteurs, le développement des ambitieux ouvrages de référence. Aujourd’hui, avec l’hyperbutinage (powerbouncing), les moments sont fragmentés, les informations sont nivelées, une sorte de chaos informationnel s’installe. Comment rencontrer les défis d’aujourd’hui, la pauvreté, les grands enjeux environnementaux en s’appuyant sur des pratiques appauvries ? Que nous manque-t-il pour s’investir en profondeur?


Souvent, on entend les positions extrêmes : Brûler les livres ou… l’inverse, c’est-à-dire, refuser les nouvelles expériences ou les supports de lecture alternatifs Il faut aller au-delà des stéréotypes qui affectent le livre physique et sa contrepartie numérique. Reconnaissons que c’est le livre qui nous a conduit au bord de l’ère numérique et, en même temps, que des contenus d’une grande richesse se trouve sur le web. La force de numérique est du côté de l’exploration alors que l’imprimé est la meilleure technologie pour fixer et préserver des idées. Pour longtemps encore, ces deux modes vont se superposer et cohabiter si on arrive à faire sens de leurs relations possibles dans nos vies et des riches associations qu’ils peuvent engendrer. Maintenant, si ces outils sont importants, l’homme l’est encore plus, et en tant qu’être libre et responsable, c’est nous qui aurons à décider de ce que voulons apporter à la table du savoir.


Qu’allons-nous faire de tout ce que nous procure ces livres et ces écrans ?


Quoique nous fassions, nous devrons miser sur l’attention et la volonté. Il faudra questionner la pratique du multitâche. L’attention est la base de la créativité et de l’apprentissage. Il faut plaider en faveur d’une renaissance de l’attention. Sélection et priorisation sont des capacités de l’attention cruciales à l’ère de la surabondance de l’information. On aura besoin de ce temps pour la réflexion, un temps et un investissement qui sont proprement humains.


Dans un monde qui se virtualise, les lieux seront aussi d’une grande importance pour reprendre contact et rétablir des connections profondes avec les autres. Nous devrons retrouver des lieux comme les bibliothèques pour cultiver ces relations significatives, pour amener les enfants à ne peut pas qu’effleurer la surface des textes. Personne ne peut googler une épiphanie. Les bibliothèques sont des lieux qui nous invitent à célébrer l’esprit humain, à profiter de ce cadeau qu’est l’attention, à reconvoquer les témoins du passé et du présent, à explorer, à mettre à l’épreuve nos certitudes, à façonner un avenir riche pour l’humanité.


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1 commentaire pour “Maggie Jackson. Texte et contexte: Définir un avenir pour les bibliothèques à l’ère de l’information sans frontières”

  1. Tweets that mention Maggie Jackson : Texte et contexte : Définir un avenir pour les bibliothèques à l’ère de l’information sans frontières -- Topsy.com a dit :

    [...] This post was mentioned on Twitter by mariedmartel and Bibliothèques de MTL, Neobiblio,. Neobiblio, said: Excellent! RT @bibliomontreal: Maggie Jackson :D éfinir un avenir pour les biblio ; http://j.mp/1HVFa9 #mondenum [...]