J’ai déjà produit deux billets en relation avec le Forum Bibliothèques de Montréal 2.0, organisé par la Ville de Montréal. Celui-ci se veut à la fois plus général et, d’une certaine façon plus particulier, comme vous le constaterez. Tenu les 19-20 mars derniers, cet événement, qui se déroule habituellement dans les limites de l’île, a été un peu plus grand que nature cette fois puisque des collègues provenant de d’autres milieux culturels et des bibliothèques du Québec ont été invités à y participer. Ouverture, collaboration, réseau, communauté étaient à la fois les sujets et les déterminants de l’événement.
Comme membre du comité organisateur, c’est à Monique Khouzam que je décerne la couronne de lauriers pour la qualité et la fluidité de l’organisation : ce sont les fruits d’un travail immense. J’attribue une autre palme à Martin Lessard pour son masterwerk en ce qui concerne l’animation et, aussi, pour ses communications : Il connaît bien le monde des bibliothèques maintenant et sait quel message passer et comment, tout en provoquant juste assez pour susciter le désir, la motivation et le goût de l’action.
Je n’ai pas passé les textes des conférences dans Wordle pour vérifier quelles expressions ont dominé les discours et les échanges mais voici le nuage de mots-clé qui s’est dessiné au travers de ma lunette : web 2.0, médiation numérique, social (écosystème, web, plateforme, espace, réseau), communauté, révolution de l’Internet, recommandation, surabondance de l’information, règle du 90-10-1, services webs, livre numérique, économie de l’attention, flux, les gens (usagers, amateurs, clients, nous).
On a abondamment parlé ces jours-ci de l’oeuvre My life in Tweets de James Briddle dans la blogosphère (Hubert Guillaud l’a aussi mentionnée). Or, pendant le forum, une séance de twittage en temps réel s’est déroulée. Huit personnes au moins ont participé à l’exercice en retransmettant à travers leurs réseaux respectifs des extraits ou des moments significatifs des conférences parfois en les commentant. Quelques 20 pages d’activité en ont résulté…. « Ça twitte sec », comme l’a dit Hubert Guillaud. L’événement était identifié par le hashtag mtlbib2 : Je vous invite à jeter un coup d’oeil sur cette conversation parallèle.
Voici un projet plus modeste que celui de Briddle : My Forum in Tweets/Mon Forum en gazouillis. J’ai rassemblé une proto-collection de gazouillis pour chaque conférencier. Certains des libellés en 140 caractères émanent des élans gazouilleurs du groupe #mtlbib2, je les remercie. Les idées chocs ont été filtrées et les propositions saisies au vol, déformées dans le feu de l’action, traduites, imparfaites, mais ce sont celles-là que l’on souhaiterait quand même retenir, marquer comme un rendez-vous dans son agenda pour bientôt, pour les semaines qui viennent. Il faut savoir que certains conférenciers comme Silvère et Hubert ont gazouillé quand ils ne discouraient pas. François Bon, sur Twitter, s’est d’ailleurs étonné que Silvère ne puisse pas parler et twitter en même temps…
Il y a 6-7 jours sur Twitter :
Lessard pose le problème : Les bibliothèques devront changer leur façon d’être et de faire dans la nouvelle société de l’information : « Houston, nous avons un problème »…
Louise Guillemette-Labory suggère justement « Si vous êtes bibliothécaire et que vous avez un problème à vous servir d’un Ipod, il faudra adresser le problème ».
Guillemette-Labory et Pierre Godin installe la discussion dans le contexte de la récession. La bibliothèque publique en temps de récession est une institution contracyclique : Elle gagne des clients au moment où tous en perdent. Mais ceux qui ont afflué vers les bibliothèques publiques lors de la récession des années 30 se tourneraient-ils vers celles-ci aujourd’hui ? Quelle place pour la bibliothèque ? Doit-elle devenir une composante de cet outil de médiation révolutionnaire qu’est Internet ou résister comme les Gaulois ? Pour stimuler nos ambitions : La Finlande est sorti de la crise avec une loi et, aujourd’hui, le taux de pénétration dans les bibliothèques publiques y est de 85%, trois fois plus qu’ici.
Martin Lessard : Le Web 1.0 = relier des pages, web 2.0 = relier des gens, les gens en réseau = nous. Nous décidons de nos filières d’information, nous devenons notre propre média, nous cherchons partout, avec nos propres mots, de l’information primaire, avec le même outil, à partir de chez-soi, en célébrant la sérendipité.
Diane Mercier : Fiches 3×5, Procite, Endnote, FF, Delicious, scrapbooking : Histoire de la conservation des données jusqu’à Zotero. Zotero pour garder des traces de nos explorations et les partager.
Silvère Mercier : Le web 2.0 est fondamentalement documentaire, fondamentalement social. La bibliothèque est un écosystème, social, documentaire, tangible et numérique. La bibliothèque comme Amazon doit rentabiliser la longue traîne. Une solution : La recommandation, une proposition : Mettre en place un projet de mutualisation des recommandations des bibliothécaires =. La mise en valeur des collections devient gestion et médiation des contenus. Le 2e étage de la fusée 2.0 selon Silvère : des réseaux de réseaux sociaux de bibliothèques : Montréal-Lyon-BPI-BAnQ…
Alain Boucher : BAnQ offre 85 collections numériques, 5,5 millions de fichiers accessibles en ligne. Bientôt : des ressources filmiques sur les poètes québécois accessibles dans les collections de BAnQ et la numérisation des titres épuisés des éditeurs québécois. La numérisation de la Gazette officielle du Québec va libérer bien des tablettes dans les bibliothèques (c’est un enjeu, qu’est-ce qu’on y mettra à la place?).
Hubert Guillaud : Qu’est-ce qu’un livre ? En remettant en cause le support, l’électronique force la redéfinition du livre. Le livre électronique est aussi être un support d’écriture, augmenté par les métadonnées. La diversité des supports s’oppose au concept du lecteur universel .
Les livres seront bientôt accessibles au milieu des contenus du web, oui mais accessibles comment? La question de l’accès au livre se brouille à l’ère du numérique. Comment le rend-on accessible? Aurons-nous des accès différents aux livres en fonction de droits d’accès, de niveaux de revenus? Le livre numérique est fondé sur l’économie de l’attention.
Qu’est-ce que lire ? À la diversité des supports correspond une diversification des modes, des usages de la lecture. On observe de nouvelles formes d’interactions du livre, un nouvel espace social. Le livre devient l’interface, la passerelle hybride entre les mondes réels et virtuels, un échangeur dans le monde des livres. Voir : Librarything, bbkeeper pour la documentation de nos activités de lecteur. Le livre numérique liera le Web documentaire et le Web social : on partage, on critique, on argumente, on recommande… il est urgent, pour les bibliothèques, d’expérimenter en ce qui concerne la lecture publique !
Katherine Palmer : Toronto Public Library KidsSpace, website for children. Statistiques: 25,000 visites par mois, une place importante pour les jeux, notamment une application pour créer des histoires. Il faut mettre l’emphase sur le concept d’usability. Voir Jakob Nielsen’s Alertbox, Kids’Corner: Website Usability for Children.
On pratique aussi le gaming en bibliothèques parce que les bibliothèques font des activités amusantes ! La bibliothèque est un lieu pour apprendre, jouer et jouer avec des jeux vidéos. Les avantages des jeux vidéos : la promotion du travail d’équipe, le leadership, la résolution de problèmes, la pensée critique. La relation entre le web 2.0 et les jeux vidéos : ces derniers sont assimilables à une forme de réseautage social.
Martin Lessard : Le web n’a pas inventé les réseaux sociaux. Il en garde tout simplement une trace. À quoi servent les réseaux sociaux ? Dans le tsunami de l’information, le réseau social permet le filtrage par la force de la recommandation Mais comment le bibliothécaire se distingue-t-il des autres usagers au sein de ces réseaux sociaux? En offrant un ‘accès intellectuel’, en distribuant le savoir-faire et communiquant le ‘savoir trouver’. Il faut passer de l’art de la classification à l’art des flux. Un réseau social permet d’être présent : Facebook permet cela mais ce n’est pas le meilleur outil pour créer de l’animation de groupe. (Une alternative ?)
Pierre Chicoine : Les stratégies d’utilisation du Web 2.0 de la Bibliothèque de l’Université Laval. Objectif : Passer du centre du campus au centre de l’écran, connaître non seulement les usagers, mais aussi les non-usagers dans l’attente d’une anthropologie du « Netsapiens ». Stratégie : La participation de tous les bibliothécaires et une approche hybride (blogue, wiki, agrégateur). (Impressionant les portails thématiques ! ) Pourquoi Netvibes en bibliothèque? Simplicité, accès public, permet la mise en valeur des RSS+widgets, portail dynamique, permet de créer un réseau d’utilisateurs. De plein pied dans le web 2.0 : il s’agit de « passer des sites web aux services web pour que les usagers choisissent leurs propres contenus ». Vision plus large : Pourrait-on concevoir un maillage entre bibliothèques universitaires et publiques, par exemple en ce qui concerne le décrochage ?
Luc Jodoin : Bibliothèques de Montréal, dans le prolongement de la politique culturelle, vise à faire du Réseau des bibliothèques, un véritable réseau social en phase avec les transformations actuelles. Présentes sur Facebook, Delicious, Flickr, Youtube, Twitter, via un blogue : l’Espace B, le wiki BPM, Netvibes-La machine à coudre, etc…Ce n’est que le début.
Les communications complètes seront disponibles sur le wiki du forum au cours des prochaines semaines. On pourra voir des photos de l’événement sur Flickr.